Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Fermer la page Acheter ce dossier

Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
L'Extraordinaire Voyage du fakir
de Ken Scott
France/Belgique/Inde, 2018, 1h36

Ce dossier, destiné aux enseignants du primaire et secondaire qui verront le film L'Extraordinaire Voyage du fakir avec des jeunes spectateurs entre dix et quinze ans environ, propose plusieurs animations à mener en classe avant et après la vision du film.

L'extrait ci-dessous est consacré à une réflexion sur le travail de mise en scène.

Le pouvoir de l'imagination

Maître Deva, voisin de cellule du jeune Aja, qui lui raconte à travers un trou dans le mur tout ce qu'il voit à travers les barreaux de sa cellule, se révèle être aveugle ! Grâce à son imagination, il avait montré à l'enfant tout ce que ni l'un ni l'autre ne pouvaient voir. À son tour, devenu adulte, Aja va raconter aux trois jeunes délinquants qu'il souhaite attirer dans son école l'extraordinaire voyage qui fut le sien… Lui-même reconnaît à la toute fin du film devant le policier qui l'accompagne que «seuls les passages importants» sont vrais… L'histoire est donc elle aussi pour une part le fruit de l'imagination. Enfin, comment ne pas reconnaître que le film lui-même est un produit de l'imagination du scénariste auteur du roman original Romain Puértolas, mis en scène par le cinéaste Ken Scott ?

La mise en scène cinématographique souligne à de multiples reprises cette dimension imaginaire, et l'Extraordinaire Voyage du fakir se présente explicitement aux yeux de la plupart des spectatrices et spectateurs comme un conte, et non pas comme un film réaliste ni comme un film prétendant à une exactitude des faits ou des détails représentés. L'on propose donc ici de revenir à présent sur le travail de mise en scène et en particulier sur tous les procédés qui contribuent à souligner la dimension imaginaire, artificielle même du film.

En pratique

Les souvenirs des jeunes spectatrices et spectateurs devraient suffire à mener une première réflexion sur le travail de mise en scène. L'on peut également utiliser, pour faciliter le travail de remémoration, les multiples photos du film qui sont disponibles notamment sur Internet.

L'on suggérera également quelques pistes d'analyse sans doute sommaires mais suffisantes sans doute pour trouver plusieurs éléments d'illustration. Ainsi, on peut évoquer à propos du film :

  • ce qui relève des « clichés », des stéréotypes, de tout ce qu'on peut appeler des « cartes postales » sur certains lieux ou certains pays
  • de nombreuses pointes d'humour ou d'ironie
  • des personnages, des éléments extrêmes ou caricaturaux
  • des séquences dansées ou chantées
  • des événements improbables (mais pas impossibles…)
  • des événements fantastiques, clairement imaginaires
  • des effets visuels spectaculaires, souvent irréalistes
  • des effets de montage entre les plans successifs, entre les différentes séquences…

Les participantes et participants pourront se répartir en petits groupes qui essaieront de se souvenir d'un maximum d'éléments qui témoignent de la dimension volontairement imaginaire (et imaginative !) de la mise en scène. L'on mettra ensuite en commun les observations des unes et des autres. On trouvera ci-dessous quelques observations qui pourront être soumises à l'ensemble du groupe.

Clichés, stéréotypes et cartes postales

Les plus jeunes auront sans doute quelques difficultés à repérer les clichés dans un film comme l'Extraordinaire Voyage du fakir, car il faut déjà bien connaître les réalités évoquées pour comprendre le caractère stéréotypé de certaines images. La tour Eiffel existe évidemment à Paris, mais il s'agit du bâtiment le plus connu de la capitale française et sans doute le plus touristique (avec Notre-Dame ?), alors qu'il y a des milliers d'autres constructions remarquables qui n'apparaissent pas dans le film. Semblablement, la ville de Mumbai (anciennement Bombay) est réduite à ses quartiers pauvres qui sont bien présents mais qui ne doivent pas masquer les quartiers et les immeubles modernes qui s'y trouvent. Il y a cliché lorsqu'on réduit Paris, comme le fait rapidement le film, à une ville touristique avec la tour Eiffel comme emblème, et Mumbai à une ville pauvre remplie seulement d'indigents et de taudis. Le cliché est en outre accentué par l'opposition entre ces deux villes montrée l'une comme une ville évidemment riche et l'autre comme une cité de miséreux : il y a aussi des populations pauvres en France et des hommes d'affaires à Mumbai.

La remarque vaut également pour la représentation de Rome où Aja et Nelly se retrouvent devant le monument emblématique de la capitale italienne : la fontaine de Trevi. Tout le monde sans doute connaît cette fontaine comme la tour Eiffel, comme tout le monde sait que l'Inde est un pays très peuplé et très pauvre… Le film ne va en rien modifier ces clichés, ces cartes postales, et on peut même dire que le film en joue : ce n'est pas à un vrai voyage de découverte que nous sommes conviés, mais seulement à un passage en revue d'images convenues.

Beaucoup de personnages apparaissent dans le même registre du stéréotype : ainsi, le taximan incarné par Gérard Jugnot est une caricature du Français moyen, râleur et roublard… Nelly l'actrice est l'incarnation de la star capricieuse et hautaine, et son ex-mari Alfredo est l'image qu'on se fait des producteurs obsédés par l'argent. Quant à l'homme de mains qu'Alfredo envoie auprès d'Aja pour récupérer ses millions, il s'agit clairement du cliché du mafieux ou du tueur à gages qu'on retrouve au cinéma et dans les séries policières (et beaucoup moins dans la vie réelle). Le personnage même du fakir, qu'il s'agisse de celui qu'Aja regarde enfant ou qu'il incarne à son tour, relève également du stéréotype qu'on associe à l'Inde. Et l'on pourrait sans doute faire la même remarque concernant le sage Deva. Tous ces stéréotypes sont bien sûr assumés comme tels et révèlent que l'histoire racontée par Aja appartient au genre du conte (où l'on retrouve généralement le même type de clichés, qu'il s'agisse de la princesse, du preux chevalier, du château, du palais ou de la sombre forêt).

Humour ou ironie

L'humour est très présent dans le film et en constitue une dimension essentielle. On en trouvera facilement des dizaines d'exemples. Ainsi, Aja enfant ne cesse de demander à sa mère, chaque fois qu'elle s'adresse à un homme dans la rue, s'il s'agit de son père… À Paris, le taximan incarné par Gérard Jugnot, explique qu'il lit l'avenir dans les embouteillages comme les voyantes le lisent dans le marc de café ou dans les lignes de la main. Et l'on rit également quand Aja le paie avec un faux billet qu'il lui subtilise aussitôt après. Plus tard, quand Aja rencontre les clandestins pour la première fois, ceux-ci se moquent de lui en lui demandant s'il est bien un touriste… qui voyage dans une armoire : « Tu fais le tour du monde en armoire ? ! » On se souvient aussi comment Alfredo est arnaqué par Nelly (qui lui vend la chemise d'Aja), ce dont il ne s'aperçoit que lorsqu'il rencontre Giancarlo. Parfois cependant, on rit aux dépens d'Aja lorsque notamment il tire vainement sur les manettes pour libérer du gaz pour son ballon et qu'il constate qu'elles sont vides… Et lors de l'équipée pour récupérer la valise remplie d'argent sur le bateau, un des malfrats est assommé par un des migrants qui se retourne interrogatif vers Aja en lui demandant : « Trop violent ? » Non, bien entendu !

S'il y a bien sûr des moments plus dramatiques (comme la chasse aux migrants ou leur rétention en Espagne), c'est bien l'humour et la légèreté qui dominent l'ensemble du film qui apparaît ainsi comme une comédie destinée d'abord à nous faire sourire.

Des personnages, des éléments extrêmes ou caricaturaux

Plusieurs personnages sont manifestement caricaturaux même s'il est évidemment possible de rencontrer de tels individus dans la vie réelle. On pense par exemple au patron de Siringh (la mère d'Aja), un type énorme et ventru qui n'arrête pas de la houspiller. Il y a également cet officier anglais qui prend le passeport d'Aja et qui aussitôt le déchiquette sans même écouter ses remarques. On se souviendra également de la copine de Marie qui se croit lesbienne comme si c'était un simple goût ou une préférence superficielle. Tous les personnages dont on a souligné l'aspect stéréotypé ont ainsi une dimension caricaturale : les premières répliques de Nelly par exemple sont extrêmement hautaines, et ses deux assistants, qui lui parlent du rôle de sorcière qu'on lui propose dans un film de Burton (Tim ?)semblent trembler de peur devant elle…

Et dans cette séquence, le fait qu'Aja soit caché dans une énorme valise a également une dimension caricaturale, tant cela paraît improbable qu'on puisse ainsi voyager caché sans être remarqué par personne : quand il en sort, il se retrouve d'ailleurs nez-à-nez avec le pistolet que Nelly pointe sur lui !

Affiche du film

On se souviendra également de la rencontre entre Marie et Aja dans le magasin d'exposition de meubles : Aja explique d'ailleurs aux trois petits délinquants que, « grâce à un champ géomagnétique unique, l'amour est dix fois plus fort à Paris que n'importe où sur terre »… Un cliché — Paris ville de l'amour — est ainsi censé expliquer le coup de foudre entre Aja et Marie. Mais ici aussi, une idée de mise en scène donne une dimension légère à toute la scène puisqu'Aja utilise les salles d'exposition comme s'il s'agissait de lieux réels et que lui-même était par exemple un mari revenant du travail ; Marie se prend également au jeu et interprète un rôle en réponse à Aja. Une telle situation n'est évidemment pas impossible mais l'on voit bien qu'elle relève de la comédie destinée ici moins à nous faire rire qu'à nous faire sourire.


Des séquences dansées ou chantées

Il y a deux séquences de danse très spectaculaires dans le film, dont l'une relève très clairement du genre de la comédie musicale : il s'agit de ce numéro de l'officier de police anglais qui, après avoir déchiqueté le passeport d'Aja, se met à danser et à chanter dans son bureau puis dans les couloirs pour lui expliquer qu'il va bientôt l'expulser et qu'il refuse de le renvoyer à Paris. Ce comportement — chant et danse — de l'officier est évidemment complètement inattendu et bien sûr très comique même s'il est également cruel pour Aja et les autres migrants. Nous sommes plongés dans la fiction, dans l'univers complètement artificiel de la comédie musicale.

Une autre séquence dansée intervient à Rome où Aja fait une démonstration de danse très spectaculaire dans une boîte de nuit en présence de Nelly (un garde l'empêche en fait d'accéder à la partie VIP où se trouve Nelly). Tout le monde fait le vide autour d'Aja et se met à danser avec lui ; puis il monte sur une table où il multiplie les pas de danse avant de rejoindre Nelly au milieu de la piste où l'un et l'autre sont pris en photo par des dizaines de smartphones. Si une telle démonstration de danse n'est pas en soi impossible, elle est évidemment largement mise en scène et chorégraphiée par le réalisateur pour la rendre aussi fluide et aussi spectaculaire que possible. (Au niveau de la vraisemblance générale, on peut bien sûr se demander où un gamin des rues de Mumbai a pu apprendre à danser de cette manière-là.)

Ces deux séquences ne peuvent évidemment pas être comprises de façon étroitement réaliste et révèlent le talent imaginatif du cinéaste ainsi que son travail de mise en scène.

Des événements improbables

Le hasard joue certainement un rôle dans la vie de la plupart d'entre nous, mais la multiplication des hasards dans un film comme l'Extraordinaire Voyage du fakir est le résultat du travail d'imagination du cinéaste et de son scénariste. Parmi les très nombreux hasards dans le film, on peut notamment relever l'armoire où s'est enfermé Aja et qui est la seule à être emportée vers l'Angleterre, la porte à l'aéroport espagnol qui s'ouvre miraculeusement et qui permet à Aja de prendre place dans une valise suffisamment grande pour y tenir place en entier, le ballon qui vogue au-dessus de la Méditerranée mais se pose miraculeusement sur un navire en route vers la Libye, la rencontre avec le même groupe de migrants en Libye que celui croisé dans le camion en route vers l'Angleterre, les retrouvailles d'Aja avec sa vache qui ne semble pas avoir bougé de place en Inde, l'urne dans le magasin de meubles où Aja a versé les cendres de sa mère et qu'il retrouve exactement au même endroit après son long périple, le retour au même moment dans le magasin de meubles de Marie qui retrouve ainsi « miraculeusement » Aja…

Les tours de magie d'Aja sont également interpellants. Certains tours sont connus comme celui du fakir qui semble flotter en l'air grâce en réalité à un dispositif de sustentation qui passe par le bras (celles et ceux qui ne connaissent pas ce truc en trouveront facilement l'explication sur Internet). Quand il se retrouve seul dans le ballon au-dessus de la Méditerranée, Aja montre également comment il fait flotter un billet de banque d'une main à l'autre grâce à des fils transparents. Mais il est beaucoup moins facile de comprendre comment, lorsqu'ils sont poursuivis par la police anglaise, Aja fait disparaître le migrant qui l'accompagne et à qui il n'a évidemment pas eu le temps d'expliquer comment disparaître : est-ce un vrai tour de magie ou plutôt un trucage proprement cinématographique ? De la même manière, quand le policier essaie de lui passer les menottes, Aja parvient à chaque fois à s'en défaire en un tour de mains : à la séquence suivante, on le verra au commissariat avec cinq ou six paires de menottes destinées à l'entraver. Mais ici aussi, on se demande si Aja est réellement assez habile pour se défaire des menottes ou s'il s'agit d'un trucage cinématographique.

Tous ces éléments — hasards répétés, tours de magie — nous rappellent que nous baignons dans un univers de fiction qui résulte sans doute de l'imagination d'Aja et plus fondamentalement de l'auteur du film (scénariste et réalisateur).

Des événements fantastiques

Entre le caractère improbable de certains événements et d'autres clairement fantastiques et impossibles, la frontière est souvent ténue. On prendra un petit exemple qui a en outre une dimension comique : à Rome, Aja s'enfuit avec une valise bourrée de billets, poursuivi par un tueur à gages, et soudain, désorienté, il se trouve face-à-face avec sa vache Moohini à qui il demande par où il doit s'enfuir ! Est-ce vraiment sa vache ? Cela semble impossible… Est-ce le hasard qui a amené là une vache qui lui ressemble ? Cela paraît improbable sinon absurde dans une ville aussi urbanisée que Rome…

Et si Aja multiplie les tours de magie, le fait qu'il se soulève de sa chaise — comme s'il flottait sur un petit nuage — après avoir distribué pratiquement tout le contenu de sa valise aux migrants est tout à fait fantastique sinon merveilleux.

Un dernier événement miraculeux survient à la fin du film quand il lance un avion en papier de la tour Eiffel qui aboutit de manière totalement irréaliste sur la tombe de son propre père : seul un trucage cinématographique évidemment a permis une trajectoire aussi improbable.


Des effets visuels

Il y a des effets visuels très visibles dans le film, effets qui sont évidemment le fait du réalisateur lui-même (ou de ses assistants). Certains peuvent paraître banals : ainsi, pour montrer les voyages d'Aja, l'on voit un petit avion survoler une carte du monde avec des grosses flèches rouges montrant le trajet ; ainsi encore, quand Aja parle de Paris comme de la ville de l'amour, le réalisateur fait défiler devant nos yeux une série de photos en noir et blanc montrant des amoureux s'embrassant (vraisemblablement ?) à Paris.

Plus spectaculaire, la première rencontre entre Marie et Aja dans le magasin de meubles se termine de manière fantastique avec les deux personnages soudain dans des costumes indiens luxueux dans un décor qui a pris l'aspect d'un palais ou d'un temple indien avec des plats succulents apportés par un serviteur également costumé avant que des pétales de fleurs rouges ne tombent du plafond. Cette métamorphose est facilement acceptée par les spectatrices et spectateurs qui comprennent que c'est l'imagination et les paroles d'Aja qui transforment merveilleusement le décor du magasin de meubles. Mais bien évidemment une telle métamorphose, pour qu'elle soit visible à l'écran, a dû demander tout un travail de mise en scène et certainement quelques trucages dont le cinéaste et ses techniciens sont les véritables auteurs.

On retrouve des trucages assez similaires au début du film quand Aja découvre le catalogue du marchand de meubles internationalement connu. Il imagine alors qu'il transforme les petites boutiques des environs en collections créées par lui-même : les façades des boutiques se couvrent d'inscriptions et se transforment en pages de catalogue. Ici, si l'on interpète ces métamorphoses comme le fruit de l'imagination d'Aja, l'effet visuel est purement cinématographique et dépend évidemment du réalisateur et de son équipe.

Enfin, quand Aja se retrouve à la dérive dans la nacelle du ballon, il retrouve une photo de sa mère qui s'anime et avec laquelle il commence un dialogue imaginaire : il s'agit bien sûr d'un simple trucage qui nous fait d'ailleurs rire puisque la mère d'Aja ne manque pas de le houspiller alors qu'il se plaint de son mauvais karma. Aja dialogue avec sa mère comme s'il s'agissait d'une personne réelle et non un être né de son imagination (qui devrait plutôt abonder dans le sens de sa plainte).

Des effets de montage entre plans successifs

Le montage, c'est-à-dire la manière de lier les plans et les séquences successifs, passe souvent inaperçu. Dans l'Extraordinaire Voyage du fakir, on ne s'ennuie sans doute pas une seconde : c'est dû certainement à un montage dynamique et rythmé qui réveille constamment notre attention.

On en donnera l'un ou l'autre exemple. Par exemple lorsqu'Aja est enfermé à l'aéroport de Barcelone avec les autres migrants, il ne se passe évidemment rien de très intéressant, mais le montage nous fait alors passer (instantanément) à Paris où l'on voit Marie se lier à un nouveau soupirant. Le procédé se répétera au moins une fois, et l'on passera de la situation d'Aja à Rome à celle de Marie à Paris (où elle prend d'ailleurs le taxi conduit par le même personnage interprété par Gérard Jugnot). Même le voyage vers Rome en avion qui pourrait être pénible pour le spectateur — Aja est enfermé dans la grande malle dans la soute de l'avion — est très amusante puisqu'Aja commence à écrire ses aventures sur sa chemise : le montage nous envoie alors dans le passé quand Aja s'est retrouvé en prison avec la seule compagnie — à travers le mur… — de maître Deva : de cette manière, le temps passe vite pour les spectateurs et spectatrices !

On remarquera que ce montage dynamique est favorisé par le caractère invraisemblable, « extraordinaire », des aventures d'Aja : se cacher dans une armoire et se retrouver en un instant (de projection !) en Angleterre, courir dans les rues de Rome et tomber miraculeusement sur un ballon prêt à s'envoler qui vous emmène en quelques secondes au-dessus de la Méditerranée, tomber sur un navire qui tout aussi rapidement vous emmène en Libye (alors qu'un tel voyage prend normalement plusieurs jours) sont des « astuces » de scénario qui permettent un montage extrêmement rapide.

On signalera pour terminer un dernier exemple de montage particulièrement dynamique même s'il passe facilement inaperçu. Enfant, Aja joue au fakir avec ses cousins pour récolter de l'argent auprès des passants, mais la police intervient, et ils prennent aussitôt la fuite avec les deux policiers à leurs trousses. Les enfants avec Aja en tête courent alors et tournent derrière un pâté de maisons derrière lequel ils disparaissent, puis ils réapparaissent à l'autre bout de la rue devenus tous les trois adultes mais portant toujours le même genre de costumes notamment de fakir (ce qui rend Aja reconnaissable), avec toujours des policiers à leurs trousses. On comprend facilement que plusieurs années ont passé et qu'Aja fait toujours ses tours de magie interdits. Une longue période de temps est ainsi réduite à quatre ou cinq secondes de projection qui nous paraissent en outre très dynamiques à cause de la course haletante des protagonistes !

Affiche du film


Tous les dossiers - Choisir un autre dossier