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affiche du film 12 jours

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12 jours

  • Réalisé par
    Raymond Depardon
  • Langue
    Français
  • Pays d'origine
    France
  • Année
    2017
  • Durée
    1 h 27
  • Type
    Documentaire

12 jours, c’est le délai avant lequel un patient hospitalisé sous contrainte doit être présenté à un juge des peines qui confirmera, ou non, son internement. 12 jours, c’est peu de choses dans une vie ; ça peut être long pour un patient interné qui nous raconte son attente.

Pour son nouveau documentaire, Depardon retourne dans le milieu hospitalier pour y filmer les séances d’entretien entre juges et patients d’une institution psychiatrique de Lyon. On se souvient de San Clemente(1982), d’Urgences (1987) et de Délits flagrants (1994) qui avaient bouleversé leurs publics par une mise à nu, nécessaire, des réalités les plus crues de l’altérité (le toxicomane, le délinquant, le dépressif) confrontée à la norme (le procureur, le psychologue, l’urgentiste).

12 jours se caractérise cette fois par une forme de douceur. Filmés en plans fixes, les entretiens nous donnent le temps d’écouter des paroles, des récits. Les internés racontent leur expérience : le harcèlement sur le lieu du travail qui les a menés là, la contention qui s’en est suivi, l’assurance des médecins, qui sont les grands absents de ce film. Les juges, quant à eux, parlent le langage du droit qu’ils tentent de vulgariser. En résulte un dialogue de sourds, parfois tragicomique. « Je ne suis pas sûre que la loi me demande de décider si vous pouvez vous suicider ou pas », dit une juge à une jeune femme qui, le regard hagard, joue distraitement avec les pansements qui recouvrent ses poignets tailladés.

Et pourtant, 12 jours n’est pas un nouveau plaidoyer contre la justice, contre la psychiatrie ou contre une société qui rejette les différences devenues trop encombrantes. Car 12 jours est avant tout un film qui révèle la profonde humanité de tous ses protagonistes. Le juge est acculé aux limites du langage du droit et ne peut cacher, au détour d’un regard perplexe ou d’un rictus réprimé, qu’il est affecté.

Grâce à la même patience de la caméra, le malade cesse d’être un étranger, privé de toute lucidité. « Je suis fou. J’ai la folie d’un être humain », lance l’un d’entre eux dans un ultime accès de colère. La répartition des rôles s’en trouve immédiatement bouleversée. Nous ne pouvons plus nous identifier à un juge raisonnable vis-à-vis du « fou ». L’un et l’autre brouillent la frontière entre raison et déraison. C’est une des grandes réussites du documentaire de Depardon.

Fiche PDF du film