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Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée au
Journal des Grignoux
conçu comme un outil de promotion, d’analyse, de réflexion et d’éducation

Analyse Sorry We Missed You au format pdfL'analyse proposée ici s'attache à décrire la mise en œuvre d'un outil d'éducation permanente comme le Journal des Grignoux en précisant ses prinicpes, son mode de fonctionnement et de réalisation ainsi que son rapport avec le public..

Cette analyse est également disponible gratuitement au format pdf.

Le journal des Grignoux

Un outil de promotion, d’analyse, de réflexion et d’éducation

Site web des Grignoux

Qu’est-ce que le journal des Grignoux ?

Édité depuis 1989, le Journal des Grignoux (d’abord appelé Les Inédits du cinéma puis simplement L’Inédit) est depuis devenu l’outil de communication principal de notre association. Pour rappel, l’asbl Les Grignoux fondée en 1975 avec la volonté de proposer « une réplique à la diffusion de la culture dominante »[1], s’est orientée très tôt (en 1982) vers l’exploitation cinématographique conçue comme un des outils d’une telle alternative. Site web des GrignouxGrâce à la reprise du cinéma Le Parc à Droixhe en 1983, puis du Churchill à Liège en 1993, à l’ouverture du nouveau complexe du Sauvenière à Liège en 2008, et enfin à la rénovation du cinéma Caméo à Namur en 2016, Les Grignoux ont pu valoriser les meilleurs films récents en version originale sous-titrée (avant-premières avec réalisateurs et équipes du film, soirées spéciales, conférences-débats avec le monde associatif, etc). Ces développements s’appuyaient et s’appuient toujours sur la volonté de permettre au public le plus large possible de découvrir des films de qualité dans des conditions optimales (d’accessibilité financière, d’accueil, de projection, d’information, etc.)[2]. Le Journal des Grignoux, largement diffusé, joue dans cette perspective un rôle essentiel.

Si, depuis les années 1990, d’autres outils sont venus progressivement s’ajouter au journal – le site internet, la page Facebook des Grignoux, l’utilisation des écrans des salles de cinéma pour informer les spectateurs d’activités à venir… –, et bien que sa fabrication entraîne des coûts importants, nous continuons, trente ans plus tard[3], à privilégier cet outil de communication papier qui reste, encore aujourd’hui, la pierre angulaire de notre structure, le calendrier autour duquel se façonne tout le travail de la programmation, ainsi que tous les autres postes qui en découlent.

Le journal des Grignoux est édité toutes les cinq ou six semaines (avec une numéro exceptionnel de dix semaines en été ; on y trouve les grilles de programmation détaillées de chaque film à Liège et Namur, des articles originaux (ou repris d’autres médias) sur chacun des films à l’affiche, l’annonce de chaque activité organisée par les Grignoux (avant-premières, rencontres thématiques autour des films, accueil de festivals, concerts, etc.), ainsi qu’une page consacrée au programme scolaire Écran large sur tableau noir.

Le journal est tiré à plus ou moins 55.000 exemplaires, il est accessible gratuitement au public qui peut se le procurer dans nos complexes ou en dehors – il est distribué dans de multiples lieux dans les villes de Liège et de Namur —, et les titulaires de la carte de membre des Grignoux le reçoivent directement chez eux par voie postale. Cet envoi très conséquent représente entre 18 et 20.000 personnes.

Fidèle à la politique interne des Grignoux, qui depuis ses débuts milite pour construire une ligne éditoriale libre de toute contrainte extérieure, qu’elles soient politiques ou économiques, le contenu du journal est entièrement pensé et réfléchi par l’équipe des travailleurs. Nous choisissons, selon une série de critères relatifs à la programmation, les films que nous allons mettre en avant –ceux qui apparaîtront sur la première page du journal, ceux à qui nous voulons donner davantage de visibilité…

Nous utilisons également le journal, quand cela s’avère nécessaire, pour apporter à notre public diverses informations de nature sociétale, culturelle ou institutionnelle, concernant notamment notre position dans le paysage culturel belge. Par exemple, lors de la campagne « Liège au cœur » que nous avions lancée pour lutter contre la construction de dix salles de cinéma à la Médiacité à Liège, ou encore lorsque nous consacrons un espace du journal pour expliquer notre position en tant que salles d’art et essai face à la plateforme Netflix… Autant d’informations qu’il nous semble important de communiquer et surtout d’expliquer au public qui, depuis les débuts, soutient notre travail.

Les points positifs du journal

Contrairement aux programmes des autres cinémas de Belgique, qui s’apparentent souvent à un feuillet hebdomadaire reprenant les titres des films programmés, éventuellement un court synopsis et les horaires de programmation, le Journal des Grignoux comporte une plus grande masse d’informations. On pourrait davantage le comparer à la brochure saisonnière d’un théâtre informant des pièces et spectacles annoncés tout au long de l’année avec, à chaque fois, un texte explicatif, une illustration et une fiche technique. Mais contrairement à la programmation théâtrale qui se réfléchit sur un an pour l’année suivante, la chronologie du cinéma, dont les sorties sont hebdomadaires et varient selon les acquisitions des distributeurs, empêche cette possibilité de travailler en amont.

Site web des GrignouxCependant, de manière à informer un maximum les spectateurs des films à l’affiche, et pouvoir défendre ceux-ci sur une plus longue durée, nous avons choisi de réaliser une programmation sur cinq ou six semaines. Techniquement, cela signifie qu’à chaque fois qu’un journal est déposé dans les bacs, nous sommes déjà, dans les bureaux, en train de composer la programmation du journal suivant. Cette chronologie a selon nous un avantage considérable : contrairement aux salles de cinémas classiques qui réfléchissent leur programmation de semaine en semaine selon les chiffres du box office – si un film fait une bonne recette, il reste à l’affiche, mais si ses chiffres sont décevants, il est supprimé–, nous parions sur le long terme et le bouche-à-oreille. Les films restent programmés plus longtemps et, même s’ils ont un potentiel « public » plus fragile, nous laissons au spectateur la possibilité, et surtout le temps, de le découvrir. Il peut ainsi, en jetant un œil sur le mémo du journal, connaître la date de la dernière projection dudit film et ainsi, s’organiser en fonction de son emploi du temps.

À l’heure des réseaux sociaux et autres sources de contenus digitaux, nous remarquons que notre journal papier reste un support de communication remarquable. Certes, la majorité du public des Grignoux – les plus de 40 ans – n’appartient pas à la génération du tout-numérique et préférera sans doute le côté palpable du papier à la fonctionnalité pure de l’application mobile ! Cela dit, nous constatons néanmoins que toutes les générations se procurent et lisent le journal[4]. Le Journal des Grignoux, en tant qu’objet, fait aujourd’hui partie du paysage du centre ville liégeois et namurois[5] : à la terrasse des cafés, dans les lieux publics, au guichet des salles culturels, il n’est pas rare de croiser une personne feuilletant le journal. À l’instar de la salle de cinéma qui, selon nous, demeure le lieu d’une expérience collective qui se vit et se partage au-delà de l’écran, le journal des Grignoux crée du lien entre les gens : on y lit la critique d’un film, on en discute ensuite avec un ami ; on y voit l’annonce d’un événement qui nous intéresse, on en parle autour de nous…

Plusieurs caractéristiques de l’édition papier doivent être à ce propos relevées.

Les films sont, on le constate facilement, promotionnés par de multiples voies de communication, mais les médias électroniques (télévision, sites internet…) diffusent très généralement des informations en continu, l’une effaçant rapidement l’autre comme sur le « fil » des réseaux sociaux. Un film a donc sur ces médias une existence très brève, même si elle est parfois fort visible : après quelques jours, parfois quelques heures, un film qui a fait l’événement disparaît des écrans électroniques de l’information… Seule une démarche volontaire permet éventuellement au visiteur de « remonter le courant » à la recherche des infos disparues. Notre journal assure en revanche au moins cinq semaines (et parfois plus) d’information continue pour nos lecteurs.

Par ailleurs, l’information dans les médias obéit à des mécanismes de sélection (et souvent d’imitation) qui ont été relevés depuis longtemps par les spécialistes des médias et qui conduisent à privilégier les informations qui offrent le meilleur « rendement » public : il vaut mieux parler d’un film déjà bien promotionné (acteurs ou actrices connues, sujet choc, scandale éventuel, budgets importants sinon colossaux…) que d’un film à petit budget, inconnu et sans acteurs prestigieux. Il ne faut sans doute pas caricaturer cette situation, mais il est indéniable que le succès (médiatique) va au succès (événementiel). Il est donc important pour notre journal de rééquilibrer, de contrebalancer ces mécanismes en donnant une place à des réalisations moins promotionnées, plus risquées, plus difficiles. Dans cette perspective, un important travail et de réflexion et de mise en pages nous permet d’assurer la meilleure place aux différents films et aux différentes activités présentées, même si bien sûr il n’y a pas d’équilibre parfait en la matière.

Dans la même perspective, nous écrivons des textes originaux qui traduisent notre propre point de vue sur le cinéma et sur certains films en particulier. Sans nécessairement parler de coups de cœur, nous mettons en évidence les réalisations qui nous paraissent les plus importantes d’un point de vue artistique mais également social. La dimension d’analyse et de réflexion est alors pour nous essentielle. Il s’agit de défendre un film mais également d’expliquer pourquoi nous le défendons, notamment quand un film illustre d’une manière ou d’une autre des valeurs que nous partageons. Ces textes sont sans doute disponibles sur le net, mais la lecture y est manifestement plus brève, limitée à quelques lignes, et, s’il est possible de « surfer » entre différentes pages, l’exemplaire papier permet de feuilleter le journal en entier et d’en voir au minimum les différentes rubriques alors que personne n’explore évidemment l’ensemble d’un site web comme celui des Grignoux.

Enfin, le journal nous permet d’associer certains films à des rencontres, à des débats, à des événements associatifs de toutes sortes. Pour nous, le cinéma doit en effet s’inscrire dans la vie sociale de la cité, et le journal est la première étape de cette rencontre, même si la salle en est ensuite le lieu privilégié, comme la brasserie, le Caféo ou le café du Parc[6] en constituent le prolongement naturel. Bien entendu, en la matière, nos propres médias Web sont complémentaires au journal, mais celui-ci assure certainement une visibilité en amont (plusieurs semaines à l’avance) à ce genre d’événements. Il ne s’agit d’ailleurs pas uniquement de promotionner l’événement mais de révéler au public les multiples activités d’éducation permanente, ainsi que leurs multiples dimensions, qui, sans cela, risqueraient de rester méconnues.

Les points négatifs du journal

Site web des GrignouxMais si le support papier nous permet de traiter une grande masse d’informations, le revers de cet atout est que le contenu abondant peut quelques fois apparaître un peu confus ou désordonné. Il peut notamment être compliqué de différencier la programmation liégeoise de la programmation namuroise ou les spécificités liées à chaque activité (il arrive par exemple qu’un même film fasse l’objet d’une rencontre à Liège et à Namur, mais avec pour chacune des rencontres une thématique et des intervenants différents)[7]. Pour pallier à ce désagrément, nous avions déjà pensé à ajouter quelques feuilles au journal, mais ce supplément en augmenterait le poids et de facto le coût de son envoi postal[8] (sans oublier l’impact écologique). C’est pourquoi nous avons décidé de conserver le nombre de 24 pages.

Bien sûr, l’édition du journal à un coût financier : il faut compter 9700 € pour l’impression de chaque numéro – ce coût étant en partie amorti par les annonces promotionnelles[9] proposées dans les bas de pages du journal –, somme à laquelle il faut ajouter le salaire du graphiste et des travailleurs chargés d’en construire le contenu — mais aussi un coût écologique : néanmoins, des études récentes ont montré que la communication électronique sous toutes ses formes a un bilan énergétique beaucoup plus important que prévu.

En synthèse

Alors, pourquoi, malgré les coûts engendrés et la mise en place de nouveaux outils de communication (le site internet, l’application mobile), continuons-nous à éditer ce journal ? À l’intérieur de l’institution, la raison est tout « simplement » pratique : le journal des Grignoux constitue la colonne vertébrale de l’association. Comme expliqué plus haut, il détermine le calendrier de la programmation et de tous les postes qui en découlent qu’ils soient liés à la programmation (le choix des films), à l’animation (organisation des activités autour des film), à la communication, à la logistique (réservations des films et transport des copies), jusqu’à l’exploitation pure et simple (l’accueil dans les salles et la projection). Toute personne travaillant dans cette chaîne chronologique utilise le journal comme un outil de travail précieux auquel elle peut se référer à tout moment.

Pour le reste, il nous semble que tout a déjà été cité au cours de l’analyse : c’est un outil d’information incroyable, c’est aussi une source d’analyse et de réflexion pour les lecteurs, il crée également du lien entre les spectateurs mais aussi entre les Grignoux et les nombreux partenaires avec qui nous collaborons, il est disponible « partout » et permet de porter la voix de l’ASBL au-delà du cercle des cinéphiles ou des affiliés, etc.

Il faut bien sûr préciser que nous aimons fabriquer ce journal : nous aimons voir un film, imaginer la réception que le public en aura, trouver les bons mots et les meilleures photos d’exploitation pour lui donner envie d’aller le voir, penser à une éventuelle activité qui pourra renforcer son impact, trouver des partenaires qui ont envie de le défendre avec nous et citer notre collaboration ; nous aimons organiser des concerts, accueillir des expositions, mobiliser autour de thématiques qui nous tiennent à cœurs et faire en sorte qu’un maximum de personnes soient mises au courant.

Par-dessus tout nous aimons rassembler les publics : autour du cinéma, de la musique, d’un verre ou d’un repas, et à côté des espaces Grignoux, le journal reste l’outil le plus pratique, commun, démocratique pour répondre à ce projet.


1. L’histoire des Grignoux a fait l’objet d’un numéro spécial du Journal disponible sur le site des Grignoux au format pdf.

2. La politique générale des Grignoux est exposée à la page suivante.

3. Le journal est apparu en 1988 et succédait à une affiche (recto-verso) qui présentait jusque-là de façon succincte les différents films de la programmation du cinéma Le Parc.

4. Il est très difficile de mesurer l’audience du journal qui est évidemment plus importante que le tirage. Au journal imprimé, il faut bien sûr ajouter les visiteurs du site des Grignoux. Une enquête sur l’audience du journal des Grignoux (ventilée notamment par âge, sexe et statut professionnel) exigerait de gros moyens notamment d’un point de vue financier.

5. Même si la diffusion namuroise reste plus limitée.

6. Ces trois lieux sont également gérés par Les Grignoux.

7. On notera que le même problème se pose pour notre site Web même si des cookies permettent aux visiteurs de sélectionner les salles de cinéma de son choix. L’ergonomie du journal comme du site Web doit faire l’objet de constantes améliorations qui restent cependant invisibles pour la plupart des lecteurs ou visiteurs.

8. Pour rappel, le journal est envoyé à chaque membre de l’asbl.

9. La régie publicitaire du journal est assurée par une membre de notre personnel qui veille à ce que les annonces ne contreviennent pas aux principes généraux de notre association. Un tarif préférentiel est ainsi accordé aux autres acteurs culturels de la région.

Écran/papier

Comme les autres journaux disponibles au format PDF (avec des éventuellement des « lecteurs » électroniques plus ou moins adaptés), le journal des Grignoux est visible en double page à l’écran (comme on le voit sur cette capture d’écran de 600 pixels de large) comme quand on tient en mains la version papier, mais il n’est pas réellement lisible. Il faut zoomer sur la partie que l’on juge intéressante. Pour passer d’une page à l’autre, il faut ensuite cliquer sur une « flèche » ou sur un « ascenseur ». Le feuilletage du journal à l’écran est donc ralentie, obligeant constamment le lecteur à agrandir et à diminuer la taille de la zone affichée. C’est le cas actuellement pour tous les journaux qui sont imprimés en (relativement) grand format et mis en ligne au format PDF (ou apparenté).

Journal des Grignoux

Le journal papier permet en revanche une visualisation facile d’une double page ainsi que sa lecture partielle ou complète, ainsi qu’un feuilletage rapide de l’ensemble du numéro.

Bien entendu, un site web offre d’autres avantages. Ainsi, les pages en HTML permettent notamment l’utilisation de vidéos, d’images nombreuses et de sons. À ce moment cependant, l’information est nécessairement fragmentée : on consulte une page spécifique consacrée par exemple à un film dont la bande-annonce est visible. On retrouve en outre les mêmes problèmes de visualisation rapide parce qu’il faut faire défiler la page vers le bas (on sait que les bas de page Web sont nettement moins lues que les informations situées en hauteur), pus cliquer pour revenir vers la page du sommaire. L’ergonomie des sites Web et en particulier celui des Grignoux a fait l’objet de nombreuses réflexions, adaptations et améliorations, mais l’expérience montre que beaucoup de visiteurs ont des difficultés à trouver certaines informations spécifiques lorsqu’elles ne sont pas placées à l’entrée du site. Là aussi, le papier se révèle plus facilement consultable parce qu’il suffit de feuilleter rapidement l’ensemble du journal, ce qui est pratiquement impossible pour un site.

Site web des Grignoux

Il ne s’agit évidemment pas d’opposer de façon caricaturale les écrans au papier, et il est évident que le Web (sous ses différentes formes) est aujourd’hui un outil indispensable pour Les Grignoux (comme pour tous les organismes culturels), mais il faut souligner la complémentarité entre l’imprimé et le Web. Et il faut en particulier expliquer, comme on a essayé de le faire, les raisons souvent peu comprises qui justifient le maintien de l’imprimé dans notre société. L’ère de Gutenberg n’est pas encore close.

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