Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée au film
Au cul du loup
de Pierre Duculot
Belgique, 2011, 1h22
avec Christelle Cornil, François Vincentelli, Roberto d'Orazio, Marijke Pinoy, Pierre Nisse, Marie Kremer
L'analyse proposée ici s'adresse aux animateurs et aux éducateurs qui verront le film Au cul du loup avec un large public. Elle propose une réflexion plus approfondie sur ce film et en particulier sur l'a manière dont il « implique » le spectateur au cours de la vision.
Christina vient de perdre sa grand-mère, à laquelle elle était très attachée. La lecture du testament réserve une surprise de taille à toute la famille : la « nonna » avait une maison en Corse, qu'elle lègue à Christina. Alors que tout le monde lui conseille de vendre cette maison, Christina ne peut pas se résoudre à se défaire de ce bien, sans même l'avoir vu. Sur un coup de tête, elle part en Corse et découvre la maison mais aussi une part, jusque là ignorée, du passé de ses grands-parents. Le projet germe alors de s'installer là-bas, contre l'avis de ses parents et de son compagnon.
Ce premier long métrage de Pierre Duculot brosse joliment le portrait d'une jeune femme qui n'a pas encore trouvé sa place. La vision du film permettra d'ouvrir un dialogue sur les thèmes qu'il aborde : les conflits entre parents et enfants, l'indépendance des femmes, le désir personnel face aux contraintes de la réalité, mais aussi sur sa spécificité et son esthétique.
Quand il s'agit de critiquer ou d'analyser un film, deux tendances antagonistes se dégagent.
La première vise une certaine universalité du propos. Même si l'histoire de chaque film est unique et qu'elle met en scène des individus singuliers, on est souvent tenté de dégager un propos plus général qui dépasse le film et ses personnages. On jugera d'ailleurs sans doute plus favorablement un film dont le message entre en résonance avec le monde et la société ou, plus modestement, avec la personnalité du spectateur, qu'un film dont la portée ne semble pas dépasser sa seule histoire et ses seuls personnages.
Mais cette généralisation du propos qui relève de l'interprétation de chaque spectateur est étroitement liée à l'histoire et au vécu du spectateur lui-même. Ainsi, face à un film comme Au cul du loup, les spectatrices (ou au moins certaines d'entre elles) seront certainement plus sensibles que les spectateurs à la « déresponsibilisation » de Christina par les hommes de son entourage, qu'elles pourront lire comme un exemple de machisme (sans doute inconscient) au quotidien.
Ce type d'interprétation est sujet à discussion et la généralisation du propos peut être perçue par d'autres spectateurs comme abusive. Par exemple, à propos du succès et des récompenses gagnées par le film Intouchables, des spectateurs se sont exprimés sur des forums internet pour dénoncer une sorte de vision idyllique du handicap que donnerait le film, alors que la réalité de la majorité des personnes handicapées est bien plus difficile que celle du personnage du film. Cette interprétation est certainement abusive, dans la mesure où le caractère exceptionnel du personnage qui est extrêmement riche s'oppose précisément à la généralisation. L'auteur du film n'a sans doute pas voulu brosser un tableau du handicap, mais bien se concentrer sur une relation privilégiée entre une personne handicapée et quelqu'un d'autre.
La question des « thèmes » du film, qui pourraient être généralisés à une réalité plus vaste, peut donc faire l'objet d'une discussion entre spectateurs et confrontées aux intentions supposées de l'auteur du film.
La deuxième tendance critique qui se dégage du discours autour du film est, à l'opposé de la généralisation, la mise en évidence de la spécificité du film, de ce qui fait qu'il est ce film-ci et pas un autre, ce qui fait qu'on l'aime ou pas. Quelles sont les caractéristiques du film qui le distingue des autres ? Dans cette optique, on pourra examiner notamment différentes dimensions de la création cinématographique, du scénario à la mise en scène.
On pourrait dégager notamment trois thèmes dans lesquels les spectateurs peuvent reconnaître un phénomène de société ou une question sociale : le conflit des générations, le désir de « se réaliser » qui se heurte aux contraintes de la réalité, l'autonomie des femmes. D'autres cadres d'interprétation peuvent sans doute être utilisés et d'autres thèmes développés, mais nous avons choisi de retenir ces trois-ci.
Développons d'abord la dimension féministe du film.
Christina a trente ans. Pourtant, à la lecture du testament, quand sa famille apprend qu'elle est désormais propriétaire d'une maison en Corse, son père déclare « Le mieux, c'est de la vendre » et demande illico au notaire s'il pourra s'occuper de la transaction. Ainsi, Alberto, le père de Christina semble déjà avoir pris une décision quant à cette maison qui appartient pourtant à sa fille adulte. Plus tard, personne ne demande à Christina ce qu'elle compte faire, comme si la décision du père était naturellement la meilleure et n'était pas à mettre en question. Ainsi, à Gino, son beau-père, qui l'appelle « l'héritière », Alberto répond qu'elle a surtout hérité d'emmerdements. Et quand Gino conseille à Christina de ne pas vendre cette maison trop vite, ce n'est pas pour lui laisser le temps de la réflexion mais pour attendre que les prix montent !
Enfin, le compagnon de Christina, Marco, aurait préféré hériter des quinze milles euros de la grand-mère et ne souhaite pas aller voir la maison « puisque, de toutes façons, on va la vendre ». Ensuite, alors qu'il a finalement promis à Christina de demander un congé pour aller en Corse, il ne tient pas cette promesse, suscitant la colère de sa compagne, qui décide de partir sur le champ. Même Cédric, le pizzaiolo, cherche à convaincre Christina de renoncer à ce projet dans l'immédiat, en avançant qu'elle n'est pas équipée pour ce voyage et qu'elle n'a rien réservé.
Ainsi, au début du film, il se trouve plusieurs hommes pour dire à Christina ce qu'elle doit faire et même ne pas douter une seconde qu'elle pourrait ne pas partager leur point de vue.
Tout se passe comme si l'on déniait à Christina la faculté de choisir, de prendre ses propres décisions, d'être responsable
.Son départ précipité pour la Corse constitue une surprise et un signe pour ses proches qui ne s'attendaient pas à la voir prendre une telle initiative. Aussi se montrent-ils alors plus « doux » quand elle revient. Marco, par exemple, s'intéresse à la maison dont Christina a rapporté des photos, mais il lui demande quand même d'être « raisonnable ». Face à la colère de Christina, il rétorque qu'il ne veut pas « faire quelque chose que l'on regrettera toute notre vie », ce à quoi elle répond qu'elle sait, elle, ce qu'elle ne veut pas regretter. L'on remarque que Marco parle au nom du couple (« on ») quand sa compagne ne parle que pour elle-même.
Christina retrouve son travail non-déclaré à la pizzeria de son beau-père et l'on y apprend que sans fiche de paie, elle ne peut pas contracter d'emprunt pour rénover sa maison de Corse et que c'est précisément pour l'empêcher de réaliser ses projets que Gino ne lui propose pas de contrat de travail. Cette contrainte « dure » se double d'une autre « douce » : le rachat par Gino de l'autre maison de la grand-mère, située à Marchienne, pour Marco et Christina. Cette surprise qui est censée faire plaisir à la jeune femme mais aussi la détourner de la Corse est vécue par elle comme l'ultime contrainte et une nouvelle forme de dépendance de son couple à sa belle-famille. Christina se sent comme asphyxiée et repart illico en Corse, bien décidée à s'y installer.
Ainsi, Christina est empêchée par son entourage masculin (père, compagnon, beau-père) de vivre comme elle le souhaite, même si cet entourage est aimant et pense bien faire.
Son deuxième départ pour la Corse et son installation là-bas peuvent être vus comme la suite de son émancipation.
D'autres petits détails vont dans le même sens d'une description d'une inégalité entre hommes et femmes : quand Christina évoque la possibilité de s'installer en Corse, Marco lui rappelle que tous leurs amis sont en Belgique, à quoi Christina répond que « de toutes façons, on ne voit que les tiens ; les miens ne te plaisent pas ». En guise de justification, Marco répond qu'il n'aime pas que ses amis à elles lui tournent autour, comme le fait Cédric. Cette scène indique donc que le couple privilégie les amis de Marco et que celui-ci est passablement jaloux : deux signes de la place moindre ou inférieure qui revient à Christina dans le couple.
Lors de la veillée à l'auberge en Corse, une dame interpelle les chanteurs pour leur dire que le chant corse n'est pas réservé aux hommes, ce qu'ils mettent en doute. Ils trinquent ensuite avec un alcool « qui n'est pas pour les gonzesses », dont la dame commande d'autorité un verre pour elle-même et pour Christina, pour affirmer la bêtise d'un tel propos.
Ces petits éléments du scénario participent au propos du film qui est ici plutôt féministe.
Suggestion pour une discussion : Les choses se seraient-elles passées de la même manière si Christina avait été un homme ?
Le conflit qui oppose Christina à son père peut aussi être envisagé dans le cadre des relations parents-enfants. En effet, Alberto se conduit avec Christina comme si elle était encore un enfant et il prend les décisions à sa place. De la même manière, chez le notaire, il prend autoritairement des mains de son fils le document relatif au compte en banque dont Toni vient d'hériter.
Plus tard, on assistera à une colère d'Alberto qui vient d'apprendre que Toni a dépensé l'argent hérité de la grand-mère pour acheter une voiture : Alberto se fâche parce que son fils a fait quelques chose contre sa volonté ou sans lui en parler et qu'il considère que ce choix n'était pas le bon ! Quand Christina évoque la possibilité de ne pas vendre la maison de Corse, il se fâche encore une fois en lui reprochant de n'en faire qu'à sa tête, une fois de plus, en faisant allusion au choix de ses études qui, aujourd'hui, ne lui ont pas permis de trouver du travail.
Ainsi, les exemples sont nombreux d'une opposition entre parents et enfants, parce que les désirs des parents ne correspondent pas à ceux des enfants. Alberto voudrait sans doute que Toni utilise l'argent hérité d'une manière raisonnable qui lui serait utile pour l'avenir, alors que Toni préfère assouvir un désir immédiat. De la même manière, Alberto voudrait que Christina vende la maison de Corse, pour se constituer un petit capital, bien utile pour l'avenir, et aussi certainement pour la « garder » auprès de lui, alors que Christina, elle, cherche un sens à sa vie, une « place » pourrait-on dire, pour s'épanouir.
La situation de Marco, qui travaille pour son père (à raison de semaines de 60 heures, lui reproche gentiment Christina) fonctionne comme un contre-exemple. Marco s'est soumis aux désirs de son père (travailler avec lui à la pizzeria, renoncer à demander un congé), et, si cet emploi a ses avantages (une relative sécurité de l'emploi, la possibilité de reprendre l'affaire dans l'avenir...), il a aussi des inconvénients (la difficulté de revendiquer des conditions de travail plus agréables, être dans une relation de subordination avec son père...)
Comme l'indique l'exemple de Christina, l'émancipation passe par la rupture avec ses parents.
Suggestion pour une discussion : développez les motivations d'Alberto (le père), de Marco, (le compagnon), de Gino (le beau-père) et de Christina.
L'épanouissement personnel est une valeur très affirmée dans notre société où la réalisation de soi, l'accomplissement personnel sont de plus en plus considérés comme le but de la vie.
On peut lire le parcours de Christina comme la découverte et l'assouvissement de son désir, malgré les contraintes du réel. En effet, au début du film, Christina cherche du travail dans le domaine qu'elle a étudié et n'en trouve pas ; elle travaille « en noir » dans la pizzeria de son beau-père où travaille aussi son compagnon Marco, avec des horaires relativement pénibles ; elle ne voit plus guère ses amis depuis qu'elle est en couple avec Marco. Ainsi, ses perspectives sont passablement « bouchées ».
L'héritage de la maison en Corse ouvre une porte : elle va découvrir un autre pays, un autre paysage, une autre lumière, d'autres personnes, un autre mode de vie, qu'elle envisage d'adopter, même si les obstacles sur place sont nombreux. Elle va d'abord s'opposer à son entourage en Belgique, puis affronter seule les difficultés en Corse, avant que, finalement, sa famille lui vienne en aide, convaincue que son désir de vivre là-bas est irréductible.
Ainsi, son parcours est en quelque sorte tiraillé entre les multiples attraits de la Corse et les obstacles qu'elle rencontre. D'une part, elle est séduite par le pays, par ses habitants, Pascal, bien sûr, le berger très attaché à son pays, et qui vit selon un modèle traditionnel, mais aussi Flora, la vieille dame qui l'héberge le premier jour et avec qui elle se lie d'amitié. Son arrivée en Corse lui permet également de découvrir une partie de la vie de ses grands-parents : son grand-père avait déserté l'armée italienne, il était le rival d'Ange-Marie qui aimait lui aussi Palma Luciani, sa grand-mère, il avait été loyal vis-à-vis du père d'Ange-Marie qui l'avait récompensé en lui donnant la maison... Finalement, les amoureux qui vont devenir ses grands-parents vont disparaître de la région. Christina découvre ainsi tous les enjeux de la vie de ses grands-parents, ce qui contribue sans doute à lui donner l'envie de prendre sa vie en mains, de faire des choix elle aussi, plutôt que de demeurer dans une situation qui ne lui apporte pas beaucoup de satisfactions...
Ce choix est mis à l'épreuve de toutes sortes de contraintes : l'opposition de sa famille, le manque d'argent (pour rénover la maison), la rudesse de la Corse (le village est difficilement accessible), les responsabilités locales (quand elle s'installe, elle ne peut plus bénéficier des raccordements clandestins à l'eau et à l'électricité), les déceptions (la difficulté de travailler seule, la présence d'Ariane, la nouvelle compagne de Pascal). Mais l'approbation de la famille qui se résoud à lui venir en aide met un point final au conflit et à l'histoire.
Suggestion pour une discussion : est-il possible d'imaginer une autre histoire pour Christina, en supposant qu'elle ait hérité de la maison de Marchienne ou de l'argent de la grand-mère.
Le deuxième axe d'analyse est celui de la spécificité du film. Qu'est-ce qui caractérise donc Au cul du loup et qui le distingue de toute autre réalisation sur le même sujet (ou sur un sujet apparenté) ?
On parle souvent du « langage cinématographique », mais en réalité le cinéma utilise plusieurs langages différents. Par exemple, les paroles sont bien souvent indispensables à la compréhension du récit[1]. La musique joue aussi un rôle au cinéma, la plupart du temps pour ajouter un « supplément d'atmosphère ». L'image en mouvement, bien sûr, avec toute sa complexité et toute la créativité que permettent notamment le montage et la mobilité de la caméra, constitue sans doute la dimension la plus manifeste. Mais les acteurs, leur style de jeu, les décors, les costumes, etc. participent également au sens du film et à son style.
L'analyse de films peut donc porter sur une infinité d'éléments, qui correspondent à autant de choix de l'auteur du film. L'examen de ces choix ou de quelques-uns d'entre eux permet de définir un style propre. Pour cela, on pourra tenter de dégager quelques traits remarquables du film.
Par exemple, le début du film nous montre Christina dans le décor des rues de Charleroi : le regard porté est clairement réaliste. Les images du film pourraient être celles d'un reportage[2] : l'actrice, Christelle Cornil, est habillée, maquillée et filmée comme une personne banale, comme on peut en croiser dans la rue au quotidien et qui ne retiendrait pas notre attention par un caractère particulier. Quant au décor, il est authentique et filmé sans artifice, sans misérabilisme, ni embellissement. On pourrait dire que le film ne cherche pas à nous séduire d'emblée comme le font certains films où sont privilégiés des acteurs très beaux et qui font des choses exceptionnelles, des décors somptueux, une musique envoûtante, etc.
Ce réalisme, loin d'être noir, est ponctué de touches d'humour. Notamment, l'apparition de Roberto D'Orazio qui joue le père de Christina et son comportement chez le notaire (où il prend sèchement des mains de son fils le document relatif au compte en banque) ne manqueront pas de faire sourire certains spectateurs. Parce que le geste, autoritaire, est en soi très révélateur du personnage, mais aussi parce que l'on reconnaît l'acteur, qui était autrefois une figure haute en couleurs du syndicalisme, qui tint le devant de la scène à la fin des années 90, lors de la faillite des Forges de Clabecq.
Ainsi, puisque le film n'use pas d'une séduction facile et immédiate, il va utiliser d'autres moyens de plaire au spectateur, comme par exemple une certaine justesse dans la manière de montrer les personnages et les événements. Le conflit qui oppose Christina à sa famille n'est pas poussé jusqu'à ses extrémités. Il eût sans doute été plus spectaculaire d'accentuer le conflit, de lui donner une tournure dramatique. Ici, la famille comprend finalement le désir de Christina et lui vient en aide au lieu de continuer à lui poser des obstacles. L'auteur du film semble refuser une dramatisation artificielle. Tout cela semble très naturel et juste.
De la même manière, la randonnée dans laquelle se lance Christina pour aller voir Pascal à sa bergerie, commence sur le ton de l'euphorie (soleil, baignade dans la rivière, espoir d'une relation amoureuse...) mais se termine en déconfiture (épuisement, obscurité, présence d'Ariane auprès de Pascal) sans qu'aucun de ces traits ne soient particulièrement appuyés, de telle sorte que c'est surtout l'ironie de la situation finale qui marque cette séquence : Christina est épuisée, elle a pris des risques, pour trouver finalement Pascal dans les bras d'une autre...
Le contraste entre le pays de Charleroi (« le pays noir ») et la Corse (« l'île de beauté ») est certes marqué, mais les différences ne sont pas accentuées à outrance. Si le Hainaut peut sembler gris et triste, on y a néanmoins le sens de la fête comme en témoignent le carnaval que croise Christina dans la ville, et l'ambiance à la pizzeria de son beau-père.
Quant à la Corse, elle n'est pas montrée sous un jour particulièrement flatteur, comme celui des cartes postales ou des brochures d'agences de voyages : le village est assez inaccessible et déserté, les équipements réduits, il n'y fait pas toujours beau, les perspectives d'emploi sont réduites, au moins à la montagne, etc. Si la maison de Marchienne semble particulièrement triste, celle de Mausoleu, abandonnée depuis des années, est très sombre et en piteux état. Ainsi, le mouvement de Christina du pays de Charleroi à la Corse ne correspond pas à un trajet d'une zone sinistrée vers une autre paradisiaque. C'est sans doute ce qui donne tout son sens à son parcours.
1. L'invention du parlant a révolutionné le cinéma dans la mesure où les acteurs avaient désormais la possibilité de s'exprimer par la parole, ce qui a rendu superflue et artificielle une expressivité faciale et corporelle exacerbée.
2. Amateurs de photographie ou de cinéma parleront néanmoins facilement dans le cas du film de Pierre Duculot d'un sens du cadrage qui est généralement absent des reportages télévisuels. Même s'il est difficile de définir de façon objective la dimension esthétique du cadrage, on voit facilement que les reportages télévisuels fixent en général un objet privilégié (personne interviewée, élément de décor significatif) sur lequel la mise au point est nette alors que le reste de l'image est plutôt flou. En revanche, on remarque dans Au cul du loup que le cinéaste (ou son caméraman) est très souvent attentif à inscrire le personnage ou les personnages dans un décor plus vaste qui reste bien visible : la mise au point est nette sur toute l'image, et l'éclairage ne privilégie pas l'un ou l'autre élément (comme les personnages). En outre, le format allongé de l'image est utilisé pour disposer plusieurs éléments significatifs de façon équilibrée ou au contraire plus dramatique. Les quatre images ci-dessous devraient permettre à chacun d'apprécier ce travail du cadrage.
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