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affiche du film Girl

SCOLAIRE

Ce film est disponible également en matinées scolaires

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Girl

  • Réalisé par
    Lukas Dhont
  • Interprété par
    Victor Polster, Arieh Worthalter, Valentijn Dhaenens
  • Distributeur
  • Langue
    français/néerlandais
  • Pays d'origine
    Belgique
  • Année
    2018
  • Durée
    1h45
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2018-10-17

Revenu de Cannes auréolé de la prestigieuse Caméra d’or (un peu la Palme d’or du premier film), Girl est une prouesse d’empathie naturaliste à l’égard de son personnage d’adolescente transgenre, Lara. Indispensable

Lara va avoir 16 ans. C’est pour elle une étape décisive dans sa vie : elle va enfin pouvoir suivre un traitement hormonal et façonner ce corps étranger avec lequel elle doit composer et qu’elle déteste, scrutant constamment, avec dégoût, ces larges épaules, cette taille droite, ce sexe abhorré ou ce buste plat, cherchant les signes – trop timides, trop lents – que son corps change enfin.

Autre fait déterminant dans sa vie d’ado, elle est rentrée à l’essai dans une prestigieuse école de danse, en Flandre, et entend bien poursuivre sa vocation de ballerine.

Bref, c’est le moment charnière où elle va bientôt pouvoir devenir qui elle est véritablement : une femme transgenre et une danseuse étoile.

Son médecin a beau lui assurer qu’elle est une jeune femme, Lara n’en souffre pas moins. Elle souffre d’être dans un corps en inadéquation avec son identité de genre, elle souffre d’attendre des opérations chirurgicales qui semblent si lointaines.

Toutes et tous, dans son entourage proche, à commencer par son père (remarquable Arieh Worthalter), lui témoignent de la bienveillance, de l’écoute, la complimente sur ses goûts, sa ténacité. Son père, loin d’être dépassé, a bien compris les tourments de sa fille et a pris, il y a un bon moment déjà, les choses au sérieux. Déterminé à l’aider à grandir et à s’épanouir, il a déménagé la famille pour que Lara soit proche de l’école de danse et des médecins qui la suivent.

Les filles à l’école sont curieuses, parfois un peu vaches vis-à-vis de Lara, comme les adolescentes peuvent l’être. Elles ne lui font pas pour autant vivre un enfer, mais pour Lara, chaque remarque, chaque regard la renvoie à sa douleur d’être différente alors qu’elle voudrait tant se fondre parmi les autres jeunes filles.

Lara donne tout pour la danse. N’ayant pas pu commencer aussi jeune que les autres, elle a beaucoup de retard à rattraper si elle veut devenir ballerine. Et chaque jour, elle se donne avec ferveur à sa vocation, jusqu’à la douleur physique, jusqu’à l’oubli d’elle-même dans la danse, maltraitant ce corps avec détermination. Lukas Dhont a intelligemment choisi d’évacuer les problèmes liés au rejet familial (bien trop fréquent, mais ce n’est pas son propos). Ce faisant, il peut se concentrer sur Lara, et le mal-être qu’elle ressent intimement, lancinant, constant, que l’amour des siens n’apaise que trop peu. Lara reste seule, en proie à ses tourments d’adolescente, ses émois dont elle ne sait que faire, auxquels s’ajoute sa transidentité.

Rarement l’empathie pour un personnage différent de nous aura fonctionné à ce point. Nous devenons Lara ; ses tourments, qui sembleraient loin de nous, cisgenres (c’est à dire né·e·s avec des attributs physiques qui correspondent à notre identité de genre), acquièrent une densité, une gravité que nous ne soupçonnions pas.

Victor Polster, l’interprète de Lara, est une révélation de chaque instant et a reçu un prix d’interprétation totalement mérité à Cannes.

Bientôt, le cinéma adoubera aussi des acteurs et actrices transgenres. Ce vœu ne nous empêche pas de saluer à sa juste valeur le talent du jeune acteur.

Dans l’histoire du cinéma, il y a des films qui donnent à des minorités un éclairage tellement nouveau et bienveillant qu’il déplace le regard. On pense à Brokeback Mountain par exemple. Et Girl, lui aussi, pose un indispensable jalon vers l’acceptation des personnes transgenres.

Une analyse complémentaire réalisée par les Grignoux est disponible à la page suvante.

Catherine Lemaire, Les Grignoux

Enseignants, ce film est également proposé en matinée scolaire à Liège : infos et réservation ici 

et à Namur : infos et réservation ici

 

Fiche PDF du film