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Édito du journal des Grignoux n°303

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Quand on sort de la salle, après la vision d’un film, quand on retrouve la vie « normale », on demeure un moment dans un état de flottement, les fils de notre pensée encore reliés à celui du film. Cet agréable vertige émotionnel est ce privilège particulier que seule la découverte d’un film en salle procure, dessinant ce dialogue imaginaire que nous entretenons intimement avec l’œuvre.

Des images nous restent en tête plus que d’autres : une séquence en particulier, le geste d’un·e comédien·ne, un mouvement de caméra. Ou encore quelques lignes écrites sur un fond noir, comme sur ce carton extrait de Sur l’Adamant, le documentaire de Nicolas Philibert sur le quotidien d’une institution psychiatrique parisienne : « Dans un monde où penser se réduit si souvent à cocher des cases, et où l’accueil du singulier est de plus en plus écrasé, il y a encore des lieux qui ne cèdent pas, qui tentent de maintenir vivante la fonction poétique de l’homme et du langage. Jusqu’à quand ? »

La portée politique de cette réflexion donne au film une envergure encore plus grande qui dépasse de loin le cas particulier de l’institution médicale. C’est une forme de piqûre de rappel qui résonne avec la crise que traversent nos sociétés. Son questionnement final, ce « jusqu’à quand ? » brutal, en forme de couperet, exprime l’idée que rien n’est jamais acquis. Tout tient à peu de chose (à un manque de vigilance ou de mobilisation, parfois) et la Culture, cet espace fondamental de libertés pour le maintien de nos démocraties et l’émancipation de toutes et tous, en sait quelque chose depuis la période Covid.

Récemment, les médias ont évoqué le projet d’une réforme fiscale en Belgique avec une hausse, notamment, de la TVA de 6 à 9 % sur les livres. Inutile de préciser que cela aurait des conséquences désastreuses sur un secteur qui, comme toutes ses autres composantes, reste fragile sur ses bases. On parle du livre aujourd’hui, mais qu’en sera-t-il demain du ticket de cinéma ? Nous restons vigilants et prêts à réagir.

Aux Grignoux, nous avons toujours réfléchi à des formules attractives au niveau de la billetterie afin de maintenir nos salles accessibles à toutes et tous, et c’est encore particulièrement le cas dans le contexte socio-économique actuel. Malheureusement, comme vous le savez déjà, l’inflation nous oblige à revoir nos tarifs à la hausse. Heureusement, pour compenser cette augmentation tarifaire, nous maintenons des formules d’abonnements avantageuses, notamment avec une belle nouveauté, car nous rejoignons une initiative lancée il y a quelques temps en Belgique par les cinémas indépendants bruxellois : le Pass Cineville.

À partir de ce 17 mai, avec un abonnement personnel d’un montant d'une vingtaine d'euros par mois, vous pourrez aller au cinéma en accès illimité dans nos salles de Liège et Namur (juste au moment, en plus, où elles s’équipent de nouveau matériel technique comme de projecteurs laser et de systèmes son 7.1.), ainsi que dans tous les autres cinémas de ce réseau. Secrètement, on imagine déjà un brassage des spectateur·rices des salles membres et, à travers lui, une manière nouvelle et dynamique de faire circuler le bouche-à-oreille autour des films… Avec votre Pass Cineville, vous ne vous contentez donc pas seulement de satisfaire votre passion pour le cinéma à moindre coût, vous soutenez également les cinéastes et cinémas indépendants, au détriment (qui sait ?) de plateformes américaines bien peu regardantes sur la valeur artistique et culturelle des choses (doux euphémisme). Ce Pass Cineville est aussi un effet marquant des liens de plus en plus forts que nous entretenons avec les salles art et essai soutenues par le Centre du Cinéma en FWB. Les mobilisations Standing for Culture et Nous restons ouverts ! lancées au moment de la crise Covid furent déjà l’occasion pour nous de faire entendre notre voix, celle de lieux culturels vivants, engagés, proches de ses spectateur·rice·s et définitivement essentiels.

Le Festival de Cannes a aussi livré son programme ! Jeanne du Barry, L’Amour et les forêts et Asteroid City : trois gros calibres de la sélection officielle sont déjà présents dans ce programme, en attendant la suite, dès fin juin avec le film de Nanni Moretti. Nous en profitons aussi pour féliciter les réalisatrices, réalisateurs, productrices et producteurs belges dont les cinq (oui, cinq !) films font partie de la sélection.

Notre cinéma joue dans la cour des grands depuis un certain temps maintenant. Il fait événement comme n’importe quel autre film et, surtout, il attire du monde en salle. En avril, lors du bilan du Centre du Cinéma de la FWB, la bonne santé de la fréquentation des films d’initiative belge francophone a été soulignée. Dans le trio de tête des entrées en Belgique, on retrouve Tori et Lokita, Nobody Has to Know et, cocorico, Yuku et la fleur de l’Himalaya, soutenu par notre structure du Parc Distribution !

Comme tous les mois, le cinéma belge sera encore bien valorisé dans sa diversité au sein de nos salles. Parmi les fictions, nous épinglons la sortie d’un premier film poétique, plein de fureur, sur la jeunesse en crise, Le Paradis, d’un jeune cinéaste à suivre de près, Zeno Graton. Habib, la grande aventure marque le retour de Benoît Mariage avec une comédie sociale et surréaliste. Rendez-vous au Caméo le 6 juin pour une avant-première en présence de l’équipe du film. Le documentaire de Coline Grando, Le Balai libéré, sort en salles le 17 mai. Un film important qui donne la parole aux travailleur·ses du nettoyage. Dans le cadre du cycle mensuel construit avec ImagéSanté, nous vous proposerons de découvrir Une vie comme une autre, un premier documentaire de Faustine Cros produit par une excellente structure liégeoise, Dérives, qui révèle intimement les sacrifices, souvent occultés, qui accompagnent le rôle de mère. Parce que c’est un genre qu’il est important de mettre aussi en lumière, surtout quand il est aux mains d’étudiants, le court-métrage fera l’objet d’une séance coups de cœur le 27 juin au Caméo, dédiée aux films de fin d’études de l’HEAJ.

Films de Cannes, films de Belgique et d’ailleurs, avant-premières, soirées associatives, fictions, documentaires, courts métrages, classiques, concerts : ce journal fourmille à nouveau de films et d’activités qui, à leur manière maintiennent vivante la fonction poétique de la Culture.

Décidément, ce Pass Cineville ne pouvait pas arriver à meilleur moment. Profitez-en bien !

Les Grignoux