Le premier film sur le double attentat commis par Anders Breivik, le 22 juillet 2011, qui a fait 69 morts à Oslo et sur l’île d’Utoya. Une expérience sidérante vécue à partir du point de vue d’une victime
Le 22 juillet 2011, à 15 h 26, une bombe explose devant le siège du gouvernement à Oslo, tuant huit personnes. Erik Poppe ouvre son film sur des images des caméras de surveillance. Les vitrines volent en éclats. Les rues sont jonchées de débris. Puis direction Utoya. Ce petit bout de terre, dans le fjord d’Oslo, où se réunissent chaque été pendant une semaine les membres de la Ligue des jeunes travaillistes (AUF). « L’endroit le plus sûr au monde », assure Kaja (interprétée par Andrea Berntzen) à sa mère au téléphone. Tout est normal : Kaja se dispute avec sa sœur dans leur tente, mange des gaufres avec ses amis. Ils parlent de l’attentat survenu plus tôt, de la guerre en Afghanistan, du barbecue prévu le soir même. Le premier coup de feu éclate. Puis une série d’autres.
Des jeunes courent, se réfugient dans un bâtiment, d’autres dans les bois. La caméra ne lâche plus Kaja. Elle la suivra pendant 72 minutes. La durée exacte de la tuerie, qui fera 69 morts et plusieurs dizaines de blessés. Les cameramen ont filmé les cinq plans-séquences qui composent le film sur cinq jours, sans coupure. Erik Poppe a retenu le meilleur. Pas de musique. Pas d’effets spéciaux. Juste les balles qui claquent. Et la terreur des jeunes : près de la moitié des morts avait moins de 18 ans. Le terroriste n’est qu’une vague silhouette noire au loin. « Je ne voulais pas en faire un opéra, comme c’est souvent le cas quand il s’agit de choses extrêmes, a confié le réalisateur. Cette histoire doit être racontée de façon implacable et brutale. Ce sera douloureux à voir, mais si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas réel. »