Ce film est disponible également en matinées scolaires à Liège et Namur
Trahison, complot, vengeance et amour sont au rendez-vous de ce film d’aventures qui restitue pleinement l’esprit du roman épique d’Alexandre Dumas. Une vraie réussite, au lyrisme mesuré, portée par un formidable Pierre Niney dans le rôle d’Edmond Dantès, être en quête de justice et de résurrection.
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi…
Ce monument de la littérature ne cesse de fasciner les artistes d’autres disciplines depuis sa parution au mitant du 19e siècle. Pensons à ces très nombreuses et régulières adaptations au théâtre, à la télévision, en bandes dessinées, à l’opéra et, bien entendu, au cinéma avec plus de vingt films en près de cent ans. Dans la foulée des Trois Mousquetaires sortis l’an dernier, ce Comte de Monte-Cristo s’inscrit dans la stratégie opérée par les producteurs Jérôme Seydoux et Dimitri Rassam de remettre au goût du jour les grandes productions spectaculaires d’antan, tirées du patrimoine littéraire français. Leur volonté est d’attirer les foules en redonnant ses lettres de noblesse à un cinéma « populaire-classique-de qualité » qui était clairement en voie de disparition ces dernières années en France.
Pari tenu avec ce Comte de Monte-Cristo de haute tenue qui restitue la virtuosité narrative du roman et sublime la complexité de son étude psychologique. Il dénoue les fils de l’intrigue et dompte les rebondissements permanents avec efficacité et rigueur. Sans lyrisme pompier, les réalisateurs (aussi scénaristes) réussissent un film sincère, capable d’enchaîner les scènes d’action sans donner gratuitement le tournis et de prendre bien le temps, quand il le faut, pour toucher
à l’intimité des personnages et aborder les thèmes universels et intemporels de l’œuvre. Cette histoire d’éducation dégage une puissance dramaturgique folle, ne connaît pas de temps mort et réussit le plus beau des mariages, celui du divertissement et de la profondeur.
L’ingéniosité du héros, sa capacité à penser son destin, son échafaudage mental pour atteindre ses objectifs est l’essence qui abreuve le moteur de l’action et lui donne toute sa densité. Pierre Niney, acteur déjà remarquable, signe de toute évidence sa meilleure composition à ce jour dans le rôle d’un personnage caméléon, d’un être aux multiples visages, fragile et déterminé, calculateur et romantique. Edmond Dantès est un être tourmenté, qui a soif de justice,
et les épreuves qu’il traverse renvoient, métaphoriquement, à celles que l’on traverse dans la vie, à la recherche de qui nous sommes profondément et définitivement. En somme, l’histoire d’une vie riche et contrastée, pleine de hauts et de bas, d’ombres et de lumières où l’on ne cesse de repousser le moment définitif tant que l’on n’a pas clarifié les choses.
Visuellement, le film a totalement été pensé pour que le spectacle soit vécu dans une salle de cinéma et s’est donné le moyen de ses ambitions pour ne pas paraître en carton-pâte. La moindre de ses reconstitutions dégage cette épaisseur réaliste que se doit d’atteindre tout film historique pour convaincre, pour que fusionne le passé de l’histoire avec le présent de la mise en scène. Tout est justement à sa place, mis en scène sans esbrouffe dans cette production qui renoue avec l’innocence de l’enfance. Décidément, ce Comte de Monte Cristo est une évasion cinématographique qui tombe à pic pour l’été. En route vers l’aventure !
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux