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Claude Schmitz est l’un des réalisateurs belges les plus passionnants de sa génération. Son nouveau film est un pur objet de cinéma qui marie les influences. Il se situe à mi-chemin entre le réalisme et l’onirisme, quelque part entre l’ambiance d’un Kaurismaki et celle d’un polar français de la Série noire. Génial !
Le détective privé Gabriel Laurens, spécialisé dans les affaires conjugales, voit sa vie chamboulée lorsque débarque chez lui sa nièce Jade. La jeune fille a des doutes sur la mort accidentelle de son père et lui demande de mener l’enquête…
Metteur en scène de théâtre, auteur de créations modernes et aventureuses, souvent infusées d’idées cinématographiques, Claude Schmitz se fait aussi, doucement et parallèlement, un nom dans le monde du septième art. Il y a très vite imposé un style propre avec plusieurs courts, un moyen (Braquer Poitiers, Prix Jean Vigo) et un long métrages (Lucie perd son cheval) à la forme ambitieuse et au ton hybride.
Présenté à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes, L’Autre Laurens est à nouveau esthétiquement très soigné et s’inscrit dans une ambiance décalée à nulle autre pareille. L’étrangeté communicative du film se construit grâce à cette association de rétro et de moderne, de décalé (le jeu statique des comédiens) et de grave, de drôle (humour décapant au programme) et de profond. Claude Schmitz nous raconte une histoire policière avec son intrigue centrale, ses récits parallèles et ses rebondissements inattendus. Il joue avec les codes du genre pour aller ailleurs, marie les influences théâtrales et cinématographiques, vu qu’il ne sert à rien de refaire ce qui a déjà été fait. Tout est extrêmement travaillé scénaristiquement, tout se tient, alors que tout donne le sentiment d’exploser en permanence et de se complexifier, car l’inventivité et la liberté permanentes restent sous contrôle. L’Autre Laurens est un film ludique qui trouve toute sa singularité dans cette étonnante association de minimalisme, de burlesque, de mélancolique et de lyrisme, dans cet amour de l’art qui se conjugue au pluriel et explose les règles. Le résultat est particulièrement jouissif.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
