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Plus de soixante ans après sa sortie, la radicale nouveauté du premier film de Jean-Luc Godard conserve toute sa grâce, sa drôlerie et son impertinence
« Ce que je voulais, c’était partir d’une histoire conventionnelle et refaire, mais différemment, tout le cinéma qui avait déjà été fait. Je voulais rendre aussi l’impression qu’on vient de trouver ou de ressentir les procédés du cinéma pour la première fois. » déclarait Jean-Luc Godard, alors âgé de 28 ans, aux Cahiers du cinéma, à propos de son premier film. L’intrigue, il n’y en a pas ou presque, le cinéaste s’intéressant davantage aux digressions. Luc Moullet résumait ainsi le scénario : « Michel Poiccard, voleur d’auto anarchiste, tue le motard lancé à sa poursuite. Il retrouve à Paris son amie américaine, Patricia, dont il réussit à redevenir l’amant. » Ce n’est rien d’autre et même encore moins. Mais, au-delà de l’histoire, comment être insensible devant une telle liberté de filmer, de cadrer, de jouer avec les sons, la musique, les images, les citations, les collages, les hommages ?
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FOCUS JEAN-LUC GODARD
Une année après sa disparition, il nous semblait évident de revenir sur la figure de ce cinéaste de génie. C’est sa « première vie au cinéma », celle des années 1960, de la Nouvelle Vague triomphante, que nous avons choisi d’explorer, avec trois films qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’Histoire du cinéma, à savoir À bout de souffle, Le Mépris et Pierrot le fou, qui témoignent à la fois de la puissance de création du cinéaste et de son inventivité formelle.
À travers eux, Godard s’est forgé une image de créateur novateur et hors normes, provocateur et génial, préservant ainsi toujours une part de mystère sur la réalité de son travail.
