Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Lancer la bande-annonce
Bande-annonce
affiche du film La fille au bracelet

Prochaines séances

Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.

La fille au bracelet

  • Réalisé par
    Stéphane Demoustier
  • Distributeur
    Cinéart
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    France, Belgique
  • Année
    2019
  • Durée
    1 h 36
  • Version
    Version française
  • Type
    Drame
    Judiciaire
  • Date de sortie
    2020-02-12

Accusée du meurtre de sa meilleure amie, une jeune fille se retrouve face aux juges. Stéphane Demoustier réussit un habile et passionnant film de procès, et s’interroge en creux sur la jeunesse et la fracture générationnelle

Une petite crique baignée par le soleil, le long de falaises. Seuls à l’image, un couple et ses deux enfants s’amusent dans l’eau et le sable. C’est le temps des vacances. L’image est idyllique, à tel point que l’on dirait une carte postale mise en scène sans l’ombre d’un défaut. Il s’agira finalement de l’unique plan paisible du film. Voilà soudainement la police qui rentre dans le cadre et qui, sans l’ombre d’un commentaire, embarque l’une des deux filles, Lise. Dans la séquence suivante, on se retrouve deux ans plus tard. Lise vit avec un bracelet électronique, car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie. Le procès approche et le destin de Lise va se jouer, au beau milieu d’une cour d’assises, sous les regards anxieux et perdus de sa famille, bousculée mais solidaire dans l’adversité.

Stéphane Demoustier s’intéresse à nouveau à un univers familial en péril, après Terre battue qui construisait son récit autour d’un père prêt à tout pour que son fils devienne champion de tennis. Avec La fille au bracelet, il se lance dans un challenge a priori périlleux, celui du « film de procès », et ses lourdes conventions difficiles à balayer. Le film ne ressemble jamais à du théâtre filmé, artificiel, verbeux et surjoué. Mis en scène avec beaucoup de maîtrise, il reste dynamique de bout en bout et se révèle par ailleurs plus profond qu’il n’en a l’air. Il y a de l’humanité dans cette cour d’assises : les personnages existent, tremblent, donnent vie à des dialogues extrêmement bien écrits, s’opposent à travers des joutes verbales très adroites ou, en ce qui concerne Lise, se défendent par le silence, jettent le trouble par des regards vagues, une froide détermination. L’avocate générale (formidablement incarnée par Anaïs Demoustier, la sœur du cinéaste, dont la jeunesse apporte un beau contre-point au rôle) bouscule Lise dans ses derniers retranchements, mais celle-ci se défend, reste infaillible, sûre d’elle, mystérieuse jusqu’au bout. « Si tu ne joues pas le jeu, on ne peut rien faire », lui dira son père. Mais quel jeu peut-elle réellement jouer ? Que se cache-t-il au fond de son âme ?

Le film raconte un drame de la vie ordinaire, de façon crédible, sans juger ses personnages. Il parle de l’incompréhension qui existe toujours entre un enfant et ses parents, la faute aux années qui passent et modifient notre approche respective de la vie. Dans La fille au bracelet, les parents découvrent ainsi une autre image de leur fille au fur et à mesure que le procès avance, l’intrigue « policière » devenant alors presque secondaire par rapport à une réflexion plus large sur la jeunesse et ses libertés, sur sa façon de concevoir la vie, l’amour, la sexualité différemment de celle de ses parents (« Que savons-nous de l’adolescence ? », dira l’avocate de Lise). La mécanique scénaristique du film est imparable dans sa capacité à laisser planer le doute jusqu’au bout, à malmener nos certitudes de spectateur qui n’aime jamais tant faire face à tant de mystère.

NICOLAS BRUYELLE, LES GRIGNOUX

Fiche PDF du film