Sympathie pour le diable suit les pas pressés de Paul Marchand, reporter de guerre survolté et intrépide, qui slalome dans la ville de Sarajevo alors assiégée, en 1992. Guillaume de Fontenay nous fait saisir de l’intérieur l’urgence d’un métier qui se joue de la mort pour raconter, encore et toujours, le désastre de la guerre
Le réalisateur propose un autre regard sur cette place si particulière du journaliste immergé dans un conflit dont il n’est pas partie prenante. L’action se déroule il y a vingt ans, pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine, et la mise en scène rend sensible cette ambiance si particulière des années 1990.
Adapté du roman autobiographique de Paul Marchand (interprété à l’écran par Niels Schneider), le film relate les dix-huit mois pendant lesquels il a été reporter pour les radios francophones au cœur du siège de Sarajevo. Comment rester émotionnellement neutre face à l’injustice d’une guerre et à l’inaction de la communauté internationale ? Sympathie pour le diable montre bien ce basculement de l’objectivité journalistique vers une implication personnelle et concrète. Paul Marchand faisait partie des impertinents vis-à-vis du conflit en cours. Les messages qu’il arborait sur sa voiture – tels que « Don’t waste your bullet, I’m immortal », c’est-à-dire « Ne gaspillez pas vos balles, je suis immortel » – ont participé à le rendre célèbre. Il faut le voir au volant de sa bagnole un peu déglinguée foncer sur une autoroute déserte, le plus vite possible pour éviter les immanquables tirs de snipers. Ou encore partir à la rencontre de groupes armés pas forcément enclins à parler aux journalistes, encore moins à leur laisser prendre des photos… Vivant au jour le jour, entre abattement et excitation, Paul Marchand ressent de plus en plus cruellement ce qu’il considère être son « inutilité » face aux horreurs. Il questionne sa place de témoin, et l’accumulation des atrocités et des injustices fera basculer le personnage. Un film immersif et fort, qui ne laissera personne indifférent !