Une confrontation en huis clos entre une mère et sa fille qui déconstruit, de façon bouleversante, l’image traditionnelle de la dévotion maternelle. Un face-à-face intense entre Ingrid Bergman, dans l’un de ses derniers rôles au cinéma, et Liv Ullman
Charlotte, ancienne pianiste de renommée internationale, est invitée à passer quelques jours chez sa fille Eva, qu’elle n’a pas vue depuis sept ans. Cette dernière est mariée à un pasteur de campagne et passe ses journées à s’occuper de sa sœur, handicapée mentale, que leur mère avait placée dans une institution. Les retrouvailles entre Charlotte et Eva vont vite tourner au règlement de comptes…
Fâché avec le fisc de son pays, Ingmar Bergman s’était exilé volontairement et, en 1977, avait tourné à Munich L’œuf du serpent, un film sur la montée du nazisme à Berlin dans les années 1920, d’un style expressionniste déconcertant chez lui. L’année suivante, il revint à son inspiration purement suédoise des « films de chambre », où il mettait à nu les blessures de l’amour, le désespoir et les secrets familiaux. Les rapports du cinéaste avec le fisc s’améliorant progressivement, Sonate d’automne fut réalisé, en partie, dans la banlieue d’Oslo. Et cette œuvre fut celle d’une rencontre exceptionnelle avec Ingrid Bergman revenant, en quelque sorte, pour une fin de parcours, à la Suède, qui avait fait d’elle quarante ans plus tôt une vedette de cinéma destinée à Hollywood. Dans ce face-à-face entre deux comédiennes prodigieuses se manifeste, en couleurs automnales accordées aux vêtements (à l’exception d’une robe rouge), cet art bergmanien de la mise en scène arrachant les masques, scrutant les visages pour révéler ce qui a été enfoui dans la conscience. On ne peut qu’en être profondément touché.
Meilleur film étranger aux Golden Globes 1979