Primé à la Semaine de la Critique du festival de Cannes et au festival d’animation d’Annecy
À travers l’odyssée d’une main amputée qui tente à tout prix de retrouver son corps, Jérémy Clapin nous offre un véritable joyau de cinéma animé qui vous prend aux tripes dès les premières secondes ! Primé à la Semaine de la Critique du festival de Cannes et au festival d’animation d’Annecy
C’est donc une main amputée qui tient le premier rôle. On la rencontre dès les premières minutes alors qu’elle tente de s’échapper du frigo d’une salle d’autopsie. À qui appartient-elle ? Que fait-elle là, prisonnière d’un hôpital ? L’histoire va bien entendu nous révéler petit à petit, au fil des tribulations de cette paluche, ce qui l’a rendue orpheline de son propriétaire. Cette main, c’est celle de Naoufel, un jeune adulte né au Maroc et désormais installé à Paris, où il vivote de petits boulots. On ne vous en dira pas plus sur Naoufel ; ce serait dévoiler des éléments importants de l’intrigue du film et vous gâcher le plaisir de suivre les aventures de cette « main tarentule » à travers les rues de la capitale française.
Toute la magie du film tient dans ce scénario improbable qui jongle avec les codes du cinéma fantastique pour transformer cette main en petit animal paniqué – mais bien déterminé – prêt à affronter tous les dangers pour atteindre le graal. Adapté par Guillaume Laurant (qui a scénarisé Le fabuleux destin d’Amélie Poulain) à partir de son propre roman Happy hand, J’ai perdu mon corps a demandé six années de travail et mêle techniques 2D et 3D. Jérémy Clapin alterne les séquences et les méthodes, mêlant flash-back ultra réalistes quand il raconte l’histoire de Naoufel, et passages dignes d’un film d’aventures quand il suit le périple de cette main égarée.
On s’en voudrait de ne pas dire un mot de la bande originale du film, signée Dan Levy (The Dø) qui habille merveilleusement chaque séquence, passant de l’émotion pure pour souligner des scènes d’une poésie absolue au dépouillement total quand il s’agit de laisser la place aux personnages et à leur destinée. Un film d’une terrible beauté, d’une superbe sensualité.
LAURENCE HOTTART, LES GRIGNOUX