Remarqué à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2019, Perdrix s’inscrit dans le répertoire de cette nouvelle garde du cinéma français complètement insolite, joyeusement barré et prodigieusement rafraîchissant. Un inédit à découvrir d’urgence (car la sortie belge du film n’est à ce jour pas assurée) !
Ça débute par une (petite) vadrouille. Perdue au milieu des Vosges, Juliette Webb (Maud Wyler) se fait voler sa voiture. Mais pas par n’importe qui : par une voleuse toute nue dont on apprendra plus tard qu’elle est une « nudiste révolutionnaire » ! Dans sa bagnole, Juliette transportait toute sa vie, notamment de précieux carnets dans lesquels elle archive son quotidien, jour après jour. Évidemment, il s’agit d’une perte incommensurable. Assez en tout cas pour qu’elle porte plainte à la gendarmerie locale. Pierre Perdrix (Swann Arlaud), le capitaine en charge de sa déposition, est foudroyé par cette personne si différente de toutes celles qu’il connaît. D’ailleurs, même s’il paraît bien trop sage, trop rigoureux et sans doute trop engoncé dans ses principes de vieux garçon trentenaire, le gendarme attire également Juliette…
À première vue, Perdrix pourrait se ranger sagement du côté de la comédie absurde et amoureuse qui fait florès ces dernières années dans le cinéma français. L’ombre de Bertrand Blier plane aussi sur certains dialogues et quelques situations décalées. Le rythme du film détonne, puisqu’il joue beaucoup de ruptures brusques déstabilisant notre perception des événements. Les personnages ont des caractéristiques burlesques qui participent à la construction d’un monde fantaisiste : une petite fille fondue de ping-pong, un frère biologiste spécialisé dans l’étude des vers de terre, une mère animatrice depuis son garage d’une émission de radio que plus personne n’écoute… Mais derrière la fantaisie, il y a avant tout beaucoup d’amour. Il suffit d’écouter la tirade radiophonique de Fanny Ardant – veuve joyeuse inconsolable – dès la première scène du film pour s’en convaincre. Au fur et à mesure que le film avance, on rentre facilement dans cet univers très volontairement décalé, mais ce qui reste et prend le devant de l’écran, c’est la touchante attraction entre ces deux individus que tout oppose.