Oscars du meilleur film, du meilleur scénario adapté, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur et de la meilleure actrice en 1935
Le film de la consécration (énorme succès public et cinq Oscars) pour Frank Capra, qui transcende une banale histoire en un des sommets de la comédie romantique des années trente, plein de style et de légèreté
Ellie Andrews n’a pas envie d’épouser le triste fiancé que son richissime de père lui destine. Plutôt que d’en passer par là, elle préfère s’enfuir du yacht familial et tente de rejoindre l’homme avec lequelle elle compte faire sa vie. Sur le chemin, dans un bus en direction de New York, elle rencontre un journaliste au chômage qui l’a reconnue et compte exploiter la situation. Amené, faute d’argent, à partager une même chambre de motel et à continuer à faire la route en stop, le couple se découvre de nouveaux sentiments.
Au départ, rien ne laissait présager que ce « film d’autocar » (sous-genre peu réputé, car MGM et Universal venaient d’en sortir chacun deux sans succès), interprété par un Clark Gable puni par son studio d’origine et une Claudette Colbert non motivée après une première expérience peu concluante avec Capra (Pour l’amour de Mike, qui fut un échec), allait se voir décerner les cinq Oscars les plus prestigieux et faire de son réalisateur une vedette de la mise en scène. En effet, le scénario n’offrait à première vue rien de très original et, pour Capra, peu de thèmes qui l’intéressaient personnellement, malgré les transformations d’identité, les rapports de classes, les amours pures et la presse. Mais ce qui fit le succès de New York-Miami, ce fut surtout la manière dont Capra traita cette version masculine de Cendrillon en obtenant un naturel exceptionnel de ses acteurs, sublimes, en jouant la carte de l’érotisme à la fois comique et puritain, et en donnant un caractère époustouflant à sa réalisation, particulièrement élaborée. Avec ce film, Capra prouvait à son tour au monde entier que le cinéma peut n’être qu’une simple affaire de style.