Alexe Poukine nous livre un documentaire bouleversant sur le viol, pas celui qui a lieu la nuit au coin d’une ruelle par un inconnu, mais celui banalisé, « ambïgu », que parfois même les victimes ont du mal à définir… Ça n’en fait pas moins un viol, et c’est ce que ce film nous explique
Au départ, une histoire datant d’une vingtaine d’années. Une jeune femme de 19 ans, Ada, est violée par un garçon qu’elle connaît, et chez qui elle va retourner à plusieurs reprises. Ce cas relève d'une emprise psychologique : elle ne s’est pas débattue, elle a revu son agresseur bien qu’elle n’en eût pas envie.
La réalisatrice va proposer à différentes femmes de s’emparer de la parole d’Ada, dont l’histoire va leur être transmise sous forme de texte. Face caméra, chacune des participantes lit un passage de ce récit. Quand les protagonistes incarnent la narratrice, on pourrait penser qu’il s’agit de leur propre histoire, pourtant, elles n’ont pas toutes compris les réactions d’Ada dès le départ. Mais une forme d’empathie très forte se dégage à la lecture du texte. D’ailleurs plus d’une d’entre elles fait un parallèle à son prore vécu. Parce que l’histoire de cette jeune femme va au-delà d’une expérience individuelle et nous informe sur les rapports genrés dans nos sociétés. Un jeune homme se prête également à l’exercice, se posant alors la question judicieuse de savoir s’il a déjà fait subir une violence psychologique ou physique à une femme. Et en effet, il nous témoigne que dans le passé, ses besoins se sont déjà imposés au couple comme une norme, jamais questionnée…
Sans frapper est un film qui rappelle une vérité essentielle : imposer un rapport sexuel à une personne qui n’exprime pas son consentement, de manière verbale ou non, est une agression sexuelle. Ce film est un cri du cœur pour dénoncer la banalisation du viol et pour libérer la parole des femmes sur ce sujet.
Les Grignoux
DOCUMENTAIRE EN COMPÉTITION INTERNATIONALE
Vendredi 27 mars à 17 h au cinéma Sauvenière :
ROMPRE AVEC LA CULTURE DU VIOL
Rencontre avec Céline Collard, infirmière au Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles du CHU de Liège, et Sandra Roubin, chargée de recherche au CVFE (Collectif contre les violences familiales et l’exclusion)
Dans le cadre du Festival ImagéSanté
Le Festival Imagé Santé : au croisement de la Santé, de la Science et du Cinéma ! En plus des désormais traditionnelles soirées événementielles et retransmissions d’opérations en direct, nous accueillerons, durant cinq jours, pas moins de vingt documentaires venus des quatre coins du monde et qui dressent ensemble un vaste panorama des enjeux de santé contemporains. Chaque projection sera suivie d’une rencontre avec des gens de terrain et experts locaux pour compléter et contextualiser les films. Venez réfléchir et affûter votre regard avec nous !