Un premier film flamand décalé, entre drôlerie et mélancolie, autour d’un gestionnaire de camping naturiste
Patrick s’occupe du camping familial sans beaucoup d’entrain, mais avec un vrai sens du devoir. Sa vraie passion, c’est le bricolage. Enfin, parler de bricolage ne rend pas grâce à son talent : Patrick est un grand artisan ! Il est aussi assez maniaque avec ses outils. Et, quand il remarque qu’un marteau manque à sa panoplie, on le sent prêt à craquer, le Patrick. La perte de ce marteau va rapidement l’obséder, mais l’univers n’a pas l’intention de lui laisser du temps pour le chercher : d’abord, il doit accueillir au camping un chanteur très connu et ensuite, il apprend la mort de son père… Et, petit détail qu’on voit saillir dès le début : le camping, perdu dans les bois, est dédié au naturisme. C’est donc en toute décontraction que la plupart du temps, les femmes et hommes du camping déambulent à poil, avec parfois une petite laine si le temps se rafraîchit ou un tablier s’ils font la cuisine.
Bien évidemment, cela donne lieu à du cocasse presque continu et cette manière de mettre à nu toute situation, même anodine, crée une atmosphère ridicule qui peut aussi devenir inquiétante. Il faut dire que Patrick s’est mis à soupçonner tout le monde de lui avoir piqué son outil et qu’en plus, la quincaillerie du coin ne possède plus ce modèle de marteau…
Voilà un film loufoque « à la flamande » qui joue joyeusement de quelques images d’Épinal de nos compatriotes du Nord, mais dont se dégage quelque chose de mélancolique, voire d’un peu pathétique. On y trouve une familiarité avec La merditude des choses mais en moins foutraque, puisque le personnage est un monument de « retenue » et de contrôle. Jusqu’à un certain point… Kevin Janssens, BV parmi les BV (c’est-à-dire « bekende vlaming », qui se dit d’une personnalité très connue en Flandre), met ici son image sur le tapis et la fait voler en éclat. Une belle prestation !
LES GRIGNOUX