Monia Chokri, actrice découverte chez Xavier Dolan, passe derrière la caméra pour un portrait tendre et hilarant d’une jeune trentenaire délicieusement inadaptée à la vie sociale. Un premier film bourré d’énergie et une délectable comédie de mœurs urbaine
Sophia, notre héroïne hors normes, pétillante trentenaire québécoise, universitaire au visage aquilin et à la logorrhée inextinguible, est ce qu’on pourrait appeler une « attachiante », tant on ne sait jamais si on a envie de lui mettre des baffes ou de sourire de l’incorrigible et permanente verve acide avec laquelle elle aborde tout ce qu’elle approche.
Sophia, surdiplômée, probablement trop intelligente et lucide pour un monde qui n’en demande pas tant, est juste une géniale inadaptée sociale, à une époque où la pensée est devenue une activité finalement handicapante à bien des égards. Dans l’attente d’une hypothétique chaire d’université qu’elle se fera chiper par la fille de son directeur de thèse, Sophia vivote d’un petit job dans une galerie, qu’elle accomplit avec la plus mauvaise volonté, et squatte chez son frère Karim, un garçon séduisant et sociable, son total opposé mais dont elle est inséparable jusqu’à ce que, dixit Karim, « elle trouve un sens à sa vie ».
La vie sentimentale de la fratrie n’est par ailleurs pas franchement marquée par la stabilité, jusqu’au jour où Karim tombe sous le charme de la gynécologue venant de faire avorter sa sœur. Un bouleversement qui va obliger Sophia à se prendre en main.
On se laisse embarquer par l’ironie et le cynisme intarissable de Sophia, qui nous inonde de dialogues hilarants et nous offre un regard finalement tendre et amusé sur les déboires de la trentaine.