Du sang, du sexe, de la violence et de la puanteur, voilà le cocktail « gagnant » du nouveau film de Fatih Akin !
Entre farce granguignolesque et théâtre de la plus pure abjection, à la vision du film, il vous faudra choisir votre angle d’approche, car c’est lui qui déterminera votre capacité à tenir devant ces images d’un glauque parfois à la limite du supportable.
Der goldene handschuh raconte l’histoire de Fritz Honka, un tueur en série qui a tué plusieurs prostituées à Hambourg entre 1971 et 1974, dont il gardait les corps découpés en morceaux dans les murs de son appartement. D’emblée, Honka nous est présenté comme un personnage monstrueux : nez proéminent, tordu et bourgeonnant, yeux exorbités, regard lubrique, dentition abîmée, lèvres baveuses, démarche boiteuse… Rien, mais rien dans son physique n’inspire une quelconque once de beauté, ni de bonté d’ailleurs. En plus d’être hideux, Honka est alcoolique. Il passe ses journées dans un bar louche à la recherche de femmes très saoules qu’il pourrait ramener chez lui. Évidemment, ses prétendantes sont aussi attractives que lui, et leurs ébats pas très jolis à regarder (surtout quand ceux-ci impliquent des saucisses de Francfort, on est en Allemagne après tout).
Cependant, ne frappons pas trop fort sur le dégoût que procure le film, là demeure aussi tout son intérêt. Fatih Akin parvient à élever la répugnance au rang d’art, et chapeau bas à tout ses acteurs, Jonas Dassler en tête, qui expose toute leur laideur à la caméra. Certaines scènes très picturales se rapprochent du tableau vivant, rappelant l’univers de Roy Anderson. Il faut bien sûr regarder le film avec distance, pêcher ici et là les éléments qui distillent un semblant de sens dans ce sordide patchwork (notamment, une série de références à la guerre 40-45). Surtout, il faut rester bien accroché à son siège, et rire quand ça devient littéralement trippant.
ALICIA DEL PUPPO, LES GRIGNOUX