Dans la société conservatrice victorienne, la découverte de son homosexualité par un jeune bourgeois londonien, intelligent et sensible, Maurice. Trente ans avant Call me by your name, dont il est le scénariste, James Ivory signait cette romance homosexuelle à fleur de peau qui révéla Hugh Grant
Au début du xxe siècle, Maurice Hall (James Wilby), un jeune aristocrate anglais, fait la connaissance de Clive (Hugh Grant), étudiant en droit issu du même milieu. Les deux hommes cèdent à la passion mais, craignant d’être condamné, Clive met un terme à leur relation. Maurice se retrouve seul, forcé de choisir entre sa sexualité et les apparences.
Adapté du roman quasiment autobiographique de E. M. Forster, ce film sur le sujet tabou de l’homosexualité dans la société anglaise des années 1900 est traité avec pudeur et délicatesse. James Ivory s’attarde sur les regards, les visages, les expressions, les gestes pour décrire les sentiments que ces jeunes hommes tentent de réprimer pour être conformes au modèle. Il pointe du doigt l’hypocrisie et les principes corsetés de la haute société de cette époque. L’homosexualité était un délit passible de prison en Angleterre.
Les procès, la délation et le chantage étaient de mise. Elle était assimilée à une maladie, un état irrationnel qu’il fallait à tout prix éradiquer pour pouvoir vivre tranquillement et être dans la norme.
Le réalisateur adopte une mise en scène particulièrement feutrée et douce, rendant ainsi le film très prenant, même s’il pourra probablement être jugé trop académique par certains yeux modernes. Hugh Grant et surtout James Wilby interprètent avec beaucoup de sensibilité et parfois même de retenue ce duo de jeunes hommes tout en parvenant à garder intacte la force de leur personnage. Ils reçurent d’ailleurs le prix d’interprétation à la Mostra de Venise en 1987.
La qualité de cette nouvelle copie restaurée démontre le mérite durable d’un film à l’esthétique cinématographique magistrale.