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Une fratrie éclatée se retrouve autour d'une vieille maison familiale. Les uns veulent la vendre, les autres y établir une utopie collectiviste. Pour son premier long métrage, Sarah Hirtt propose une belle chronique familiale sur fond de conflit de valeurs
C’est le milieu de la nuit, de jeunes gens pénètrent par effraction dans une grande maison délabrée. Ils scrutent les lieux, dépoussièrent les meubles et s’installent dans les chambres. Ils sont réveillés un peu plus tard avec violence par la police qui les menace d’expulsion. L’un des occupants annonce alors qu’il est en possession des papiers de cette maison et qu’elle appartient à son grand-père. Cet occupant, c’est Jules. Quatre ans auparavant, il a quitté le nid familial belge sans plus donner de nouvelles, pour construire une autre vie avec son amoureuse et des amis rencontrés en Espagne. Ils vivent ensemble, et sa famille maintenant c’est eux ! Mais l’argent ne coule pas à flots dans la communauté. Alors, quand Jules apprend qu’il hérite de la propriété familiale située dans un vignoble français, il propose à sa nouvelle famille de quitter l’Espagne en crise pour aller travailler dans les vignes. Mais quand débarquent de Belgique son frère, Gustave, resté auprès de leur mère malade, et Lou, leur cadette, en quête d’une autre vie, ses plans prennent une autre tournure.
Bien sûr, il y a un gouffre entre le mode de vie de Jules, entièrement dicté par ses idées, et celui de son frère, plus conformiste, resté vivre sur les lieux de sa naissance. Mais derrière ses comportements plus individualistes, Gustave s’occupe de toute la famille et assume des tâches difficiles. Au-delà de cette histoire d’héritage, Escapada aborde de multiples questions existentielles avec humilité et sans prétendre donner les réponses : quels sont les motifs qui définissent une famille ? Peut-on s’aimer en ayant des valeurs opposées ? Si l’on a décidé de vivre en autonomie, dans le rejet du système capitaliste, qu’est-ce que cela signifie d’accepter un héritage ? Et comment préserver l’horizontalité des décisions dans un collectif, quand les rapports de possession sont inégaux ? Et on découvre avec plaisir que chaque personnage parvient à composer avec le groupe et à avancer dans une direction qui lui ressemble.
LUDIVINE FANIEL, LES GRIGNOUX
