Seul au monde, l’acteur danois Mads Mikkelsen affronte une nature glaciale et sans pitié. Un survival minimaliste où la blancheur de l’Arctique n’a d’égal que sa brutalité
Un homme creuse dans la neige. Emmitouflé dans un anorak rouge, essoufflé, le visage pourpre, il creuse, sans discontinuer. Il s’arrête le temps de regarder sa montre et creuse encore, une tranchée dont on ne saisit pas immédiatement la finalité. Mais soudain, le point de vue change, et on découvre qu’il s’agit d’un énorme « SOS ». Une inscription assez grande, large et profonde pour être vue du ciel. Cet homme est seul, il a échoué dans le désert de l’Arctique et survit depuis grâce à une routine radicale, cherchant désespérément à faire savoir qu’il est là, à attendre qu’on le retrouve. Et si l’on en juge d’après les outils qu’il a mis en place, ça fait un petit temps qu’il résiste dans cette immensité blanche où la température peut descendre jusqu’à – 70 °C.
Mads Mikkelsen est cet homme en péril. Toujours génial, même sous un camouflage de circonstance, il parvient à nous faire ressentir par ses gestes et ses regards toute l’horreur et la dureté de cette situation. La gageure du film tient évidemment dans cette manière de construire une tension, un suspense palpable, alors même que le scénario se réduit à presque rien : un homme, une nature hostile et un instinct de survie qui ne doit surtout pas flancher. Et il y parvient ! L’ennui ne pointe jamais, il y a toujours une petite turbulence pour nous faire sursauter et craindre le pire pour ce personnage qui va devoir faire des choix extrêmes et découvrir avec toujours plus d’effroi qu’il n’est pas au bout de ses peines. On y plonge comme dans un thriller polaire épuré et l’on prend plaisir à y frissonner.
LES GRIGNOUX