Pour son quatrième film, la comédienne Valeria Bruni Tedeschi se fond dans une famille de la très haute bourgeoisie qui se languit en bord de mer. Tout un art de la mise en scène hallucinée et caustique
Tout commence par une scène de rupture annoncée de manière abrupte par le mari d’Anna, Luca (Riccardo Scamarcio en bellâtre italien sous hypnose). Elle ne parviendra pas à se défaire de cette blessure qui l’accompagnera dans le refuge estival de sa famille. Et là, il n’y aura vraiment personne pour la consoler, l’encourager à écrire le scénario de son prochain film où il sera question de son frère défunt. Dans ce palace de la Côte d’Azur, chacun cultive ses fantasmes, son petit manège à la fois grotesque et pathétique. Cette haute bourgeoisie est en bout de course ; elle tente de souffler sur les dernières braises de ses illusions mais la chair est flasque, la « vieilleuse » ne leur fait pas de cadeaux. On doit se contenter d’un repas bien arrosé, d’un chant accompagné au piano, de quelques brasses dans la piscine, de se faire servir par toute une domesticité dépareillée qui n’est pas dupe des derniers feux de leur employeur.
Cette comédie avec ses moments de fièvre burlesque creuse un peu plus les obsessions de la réalisatrice : l’héritage familial et la descendance, les conflits sociaux saisis à travers le prisme du vaudeville, les relations amoureuses instables. Et c’est un régal de voir au casting des nouveaux venus se fondre dans le délire familial de Valeria Bruni Tedeschi : Pierre Arditi, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, Laurent Stocker…
LES GRIGNOUX