Ce récit judiciaire est une éclatante réussite de Clouzot, bien servi par la performance dramatique étonnante de Brigitte Bardot
Aidé de cinq scénaristes, Henri-Georges Clouzot a construit un récit tout en nuances et faux-semblants, adoptant les conventions du film de procès et une structure en flash-back dans le but de comprendre la personnalité et les motivations de Dominique Rousseau, une jeune femme accusée de meurtre. Retrouvant la noirceur et la critique sociale adoptées dans Le corbeau, le cinéaste n’épargne pas une société bourgeoise hypocrite aveuglée par ses certitudes ainsi qu’une justice condescendante accordant plus d’importance au respect des bonnes mœurs qu’à la lecture des règles de droit. Le président des assises, l’avocat général et surtout maître Éparvier reprochent moins à Dominique d’avoir commis un meurtre que d’avoir mené une existence à sa guise, au mépris des normes de bienséance attribuées aux femmes.
La vérité a révélé le talent de tragédienne de Brigitte Bardot, dont les qualités dramatiques avaient déjà été déployées dans En cas de malheur (1957) de Claude Autant-Lara. Ce film demeure, avec Le mépris, le meilleur de sa carrière.