Fortuna est de ces films qui sortent de l’ordinaire, dont on se souvient longtemps. Dans un noir et blanc intense, Germinal Roaux nous présente en douceur un sujet dur, l’histoire d’une jeune Éthiopienne de 14 ans, livrée à elle-même et recueillie dans un monastère
Fortuna n’a que 14 ans, elle sort à peine de l’enfance. Elle est accueillie avec d’autres réfugiés par une communauté de religieux catholiques dans un monastère des Alpes suisses. On ne connaît pas son histoire, on sait juste que la traversée jusqu’en Suisse n’a pas été facile. Les premières images nous présentent Fortuna, au milieu des magnifiques paysages enneigés, qui murmure et prie la Vierge, car elle n’a pas d’autres figures à qui se confier. On la découvre à travers ses prières, qui contrastent avec le silence qu’elle garde pour les autres. Dans cette période de solitude et de repli sur soi, elle tombe amoureuse de Kabir, un autre réfugié âgé de 26 ans et bientôt, d’autres événements vont venir perturber le calme routinier du monastère. Car Fortuna cache un secret dont elle ne veut parler à personne. Elle va tenter de partir mais pour aller où ? Les chanoines essayent au mieux de l’aider sans l’influencer en se basant sur les principes religieux qui dictent leur conduite. Mais pour défendre les réfugiés, sont-ils prêts à mettre en branle ce qui compte le plus pour eux, le silence intérieur qu’ils ont choisi pour rythmer leur quotidien ?
Germinal Roaux nous présente un film plein de délicatesse pour traiter de manière originale des thématiques d’une actualité criante : la réalité des réfugiés et la question du choix personnel pour s’en sortir.
LUDIVINE FANIEL, LES GRIGNOUX