Un fils en désintox revient dans sa famille pour Noël. Un drame sensible innervé par la magistrale Julia Roberts en mère courage
Nous sommes à la veille de Noël et, alors que la famille Burns fait ses derniers préparatifs, arrive un invité surprise. D’habitude, le retour d’un fils ou d’un frère, en des temps de rassemblement familial, est plutôt accueilli avec chaleur et joie. Mais les choses ne sont pas si simples au retour de Ben.
Depuis plus de quatre mois, celui-ci est censé être en cure de désintox, loin de cette ville qui l’a vu plonger dans l’addiction.
Son tuteur là-bas lui a exceptionnellement permis de passer Noël chez ses parents.
La famille peine à l’accueillir à bras ouverts, on les sent angoissés sous le poids de souvenirs difficiles. Seule sa mère, Holly, lui offre d’emblée une étreinte et lui permet de rester chez eux, à une condition : Ben sera sous surveillance permanente et il ne pourra pas quitter la maison. Mais elle n’est pas dupe pour la cause, et cache subrepticement bijoux et médicaments.
Avec Ben à la maison, tout prend une autre coloration, même les choses les plus banales. Retrouver des guirlandes de Noël au grenier rappelle à tous qu’il se servait de l’endroit pour cacher sa came ; il peut suffire d’un tour dans un centre commercial pour rencontrer d’anciennes accointances pas plus fréquentables qu’avant. Et lorsque la maison est cambriolée, difficile de ne pas y voir un lien avec le retour du fils.
Peter Hedges, le réalisateur, a choisi de limiter l’action de son film à vingt-quatre heures. Nous n’aurons droit à aucun flashback, et seuls les comportements sur la défensive, les petits gestes de chacun permettront de sentir le gouffre de souffrance dans lequel ils ont peur de replonger. Cela peut être un supplice d’aimer un toxicomane, même lorsqu’il s’agit de son propre fils.
Depuis combien de temps n’avait-on pas vu Julia Roberts dans un rôle taillé à sa mesure ? Elle renoue ici avec une stature digne du temps d’Erin Brockovich : combative mais seule, elle porte le film par son ampleur d’actrice, par son talent souvent sous-employé. Et fait ressentir toute la douleur de ne pas pouvoir faire confiance, d’être littéralement tiraillée entre lucidité tragique et espoir qui frise le déni.
LES GRIGNOUX