Un film de procès comme le cinéma américain en raffole. James Stewart est à son sommet, entouré des débutants Ben Gazzara, et surtout Lee Remick. Ajoutez la musique envoûtante de Duke Ellington : une merveille de cinéma qui sent bon le swing
Paul Biegler, avocat plus ou moins retiré des affaires, consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps à la pêche. Il se voit proposer la défense du Lieutenant Manion, coupable de l’assassinat de l’homme qui venait de violer sa femme. L’épouse du Lieutenant s’avère être un personnage trouble et le lieutenant Manion lui-même ne se montre pas dans un premier temps très coopératif. Mais Biegler, après quelques hésitations et sur les conseils pressants de son vieux complice, accepte. Il prépare sa stratégie de défense et le procès débute…
Le titre de ce film est inexact, il aurait fallu pour être plus juste l’appeler « Autopsie d’un système judiciaire ». C’est un tableau très acide et cynique de la justice des hommes que nous livre Preminger. Une justice pour laquelle il n’existe finalement pas de vérité objective. Tout est ici affaire de manipulation. La décision des jurés ne dépend que du pouvoir de persuasion de l’avocat et du procureur. Le procès est un jeu d’influences et une partie de stratèges où on avance ses pions et où on cherche à lire le « jeu » de l’adversaire.
Le casting du film, absolument impeccable, est l’un des points forts du film : Lee Remick déborde de sensualité dans son rôle de femme-enfant séductrice ; la bestialité du jeune Ben Gazzara s’oppose à merveille à l’élégante nonchalance désabusée de Stewart. À noter également une apparition de Duke Ellington dans un quatre mains avec James Stewart ; Ellington signant par ailleurs l’excellente musique du film.