Ce premier film de Marc-Henri Wajnberg sent bon le swing. Une belle œuvre fiévreuse où la syncope du jazz s’accorde avec la java de Brel. La meilleure façon de rentrer dans notre cycle « jazz et cinéma »
Jack (Josse De Pauw) dévore la vie avec ses tripes et n’accepte pas la tiédeur des compromis. Le royaume des Belges est trop étroit pour sa dé mesure, trop frigide pour la rage envoûtante de son saxophone. Comme la musique ne le nourrit pas, Jack dé charge les bananes dans le port d’Anvers. Il rêve de partir à New York et de jouer à côté de ses maîtres, les grands musiciens noirs qui ont lancé le bebop. En attendant des jours meilleurs, Jack se produit avec son groupe dans les lieux où sa musique n’est pas toujours appréciée. Il joue aussi dans le big band de Mickey Bunner, un bourgeois guindé pour qui la musique est une affaire de méthode et de discipline. Just Friends nous montre à quel point Marc-Henri Wajnberg est un passionné de jazz, notamment via la bande-son magnifique signée par le pianiste Michel Herr et interprétée par une figure légendaire du jazz, Archie Shepp. En quittant Just Friends, le spectateur saura une fois pour toutes que le jazz n’est pas une affaire de spécialistes. C’est tout simplement une manière de vivre qui ne badine pas avec la force des émotions et la pureté de la musique.
Dany Habran, les Grignoux