Découvert en 2013 avec son documentaire Chaumière, évocation du désarroi poétique des hôtels Formule 1, Emmanuel Marre revient avec deux moyens métrages d’exception : Le film de l’été (Prix Jean Vigo) et D’un château l’autre (Pardino d’or au festival de Locarno 2018)
Emmanuel Marre inscrit ses histoires inventées, ses parcours existentiels dans le fracas du réel : transhumance de touristes en ébullition sur les bords d’autoroute pour Le film de l’été, kermesse électorale pour le dernier tour de la présidentielle française en 2017 pour D’un château l’autre. Et c’est un véritable bonheur de voir cette alchimie réussie entre fiction et documentaire. En totale connivence avec les acteurs et les soubresauts de l’existence, la caméra cerne au plus juste ces tranches de vie bouleversantes, ces personnages qui égrainent tour à tour fragilité et échappée burlesque face à leurs horizons cocasses.
Le film de l’été
C’est un film d’autoroute, de vacanciers en transit, de tables de pique-nique en béton, de files d’attente pour les WC, de melons tièdes et de carwashs. C’est l’histoire d’un homme qui veut partir et d’un petit garçon qui le retient. C’est Le film de l’été.
D’un château l’autre
Printemps 2017, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française. Pierre, 25 ans, étudiant boursier dans une grand école parisienne loge chez Francine, 75 ans, clouée par le handicap dans un fauteuil roulant. Ils assistent, perplexes et désorientés, aux festivités électorales qui se jouent au-dehors. Ils n’ont sans doute pas le même rapport au monde qui les environne mais cela ne les empêche pas de s’échanger quelques confidences. En attendant le verdict des urnes, Pierre essaie de s’occuper du corps de Francine, et Francine essaie de soigner les complexes de Pierre face aux jugements d’autrui.