Après l’ombre, présenté en compétition internationale des documentaires au festival des Libertés, nous est apparu comme le film idéal pour aborder la question du sens de l’enfermement dans le cadre des Journées nationales des prisons 2018
Dans ses films, Stéphane Mercurio a l’habitude de traiter des problèmes de société tels que la réalité des aides-ménagères ou des sans-logis. Avec Après l’ombre, elle aborde l’enfermement de longue peine.
Sa caméra va enregistrer une expérience humaine forte : la création du spectacle Une longue peine, mis en scène par Didier Ruiz avec d’anciens détenus. Ces personnes, qui ont fait entre 15 et 35 ans de prison, vont, lors des dix jours de résidence consacrés au spectacle, aborder le poids et la violence de l’épreuve que constitue l’enfermement : le manque d’intimité, la difficulté d’avoir des rapports sexuels, les périodes d’isolement, l’impossibilité d’assister aux décès de leurs proches, etc.
Au fur et à mesure des répétitions et de leurs échanges, nous sommes témoins de la relation qui se noue entre ces hommes et le metteur en scène. Une relation qui s’étend bien au-delà de l’espace de création. Pour les participants, cette résidence apparaît également comme une occasion de se reconstruire. On comprend vite que ceux-ci ont perdu l’habitude du contact humain : les repas entre amis, la proximité physique ou encore l’occasion de fêter un anniversaire sont des événements rares en prison… Ces moments sont dès lors d’une importance cruciale pour la reconquête de leur confiance et la réadaptation à leur vie sociale. La force du film tient dans cette manière de questionner l’enfermement, non pas selon les effets que celui-ci produit sur la société, mais sur ce qu’il détruit chez les individus.
Ludivine Faniel, les Grignoux