Une comédie jubilatoire et vitaminée qui se régale des rites, turpitudes et turbulences pour la course à la présidentielle française
Arnaud Jaurès (Finnegan Oldfield), 25 ans, intègre par le plus pur des hasards l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle. Il devient l’assistant d’Agnès Karadzic, directrice de la communication (sublime Alexandra Lamy). Cette femme autoritaire et glaciale l’attire et le tétanise. Assoiffée de pouvoir, elle n’a pas d’état d’âme. La politique est une affaire de stratégie, une capacité à saisir le plus rapidement les meilleures opportunités. Dans un premier temps, elle déstabilise, humilie le jeune Arnaud. Mais, avec le temps, il va s’initier aux tactiques de campagne, aux renoncements, aux changements de cap et d’alliance. Il va progressivement abandonner sa naïveté pour gravir les échelons et se hisser à un poste stratégique. Il se retrouve alors à mille lieues du projet d’aller fonder, avec sa copine, une ONG pour les Inuits dans le grand Nord canadien.
Mathieu Sapin a utilisé judicieusement son expérience d’auteur de bandes dessinées politiques (Le château – Une année dans les coulisses de l’Élysée et Campagne présidentielle) pour cerner les contours et péripéties de son premier long métrage de fiction. De plus, on retrouve tout au long du film un art du trait incisif, du gag inscrit dans les marges du quotidien, du détail hilarant, de l’ellipse qui donne au récit un tempo d’enfer. On ne peut s’empêcher de revenir sur la scène d’ouverture où, une fois encore, la présence décalée de Philippe Katerine annonce la couleur. Cette campagne présidentielle va se décliner comme une péripétie burlesque qui conserve néanmoins des liens étroits avec la réalité de terrain. Cette pochade bien torchée, très drôle, est portée par une kyrielle de comédiens totalement investis dans la chair caustique et bouffonne du projet.
Dany Habran, les Grignoux