Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.
Quand un souper entre amis met en jeu les secrets de la boîte noire des téléphones portables de chacun. Dans la foulée du Prénom ou du Dîner de con, un huis clos brillant, hilarant et dévastateur
Il y a souvent une dimension fiévreuse dans les soirées entre amis. D’autant plus que le souper de Vincent (Stéphane De Groodt) et Marie (Bérénice Bejo) se déroule pendant une éclipse totale de la lune. La vaisselle scintille de mille feux. Les invités arrivent, retrouvent leur complicité et n’hésitent pas à se lancer quelques piques. Par exemple, les performances culinaires de Vincent sont un inépuisable sujet de plaisanterie. Son foie cuit dans du lait, ses huîtres à l’encre de seiche sont loin d’enchanter toutes les papilles gustatives. L’excitation est à son comble. Ben (Grégory Gadebois) se fait attendre. Il doit venir avec sa nouvelle compagne. Chacun spécule sur le profil de l’intéressée. Pas de chance. Ben arrive seul avec deux bouteilles de vin. Sa douce est victime d’une méchante gastro. La soirée peut démarrer sans elle.
Les agapes entre amis ont horreur du vide. Aussi, dans la foulée d’une discussion autour de la vie privée, Marie propose un jeu : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook, etc. devra être partagé avec les autres. Certains enthousiasmes sont plus que mesurés face à ce déballage de l’intime. Mais finalement chacun accepte de jouer le jeu. Et à petits pas, la soirée va progressivement sentir le roussi.
Spécialiste du thriller, Fred Cavayé gère avec maestria le suspens. On ne va pas rentrer de plain-pied dans des plans culs à la petite semaine. Les secrets du GSM sont multiples et diversifiés.
Et le jeu de se transformer en roulette russe : qui va recevoir la prochaine balle ? Qui sera épargné ?
Derrière sa fulgurance comique, le film distille une réflexion amusée sur nos comportements. Personnage à part entière, le téléphone portable, devenu incontournable, se transforme en grenade dégoupillée de l’intime. En quittant le film, on retiendra les scènes explosives et répliques jubilatoires, mais aussi cette ligne rouge nécessaire entre ce qu’on confesse et ce qui est préférable de taire.
Assurément, une des meilleures comédies françaises depuis Le sens de la fête.
Dany Habran, les Grignoux
