Un faux documentaire amusé et goguenard sur une vieille gloire de la variété française qui se transforme en mélo filial bouleversant. Une performance stupéfiante de l’acteur-réalisateur Alex Lutz
Guy, c’est Alex Lutz, totalement, de la pointe du mocassin au bout du cheveu gris, en passant par la chaîne en or qui brille. Et puis, très vite, ce n’est plus du tout lui, on a oublié le latex, les heures de maquillage et de préparation, le fond de teint. C’est Guy Jamet, simplement.
En choisissant le procédé du faux documentaire – émaillé de quelques fausses images d’archives qui nous montrent un Guy Jamet jeune, beau, blond comme les blés et roucoulant sa sérénade comme si sa vie en dépendait –, le récit va coller au plus près de son personnage, tellement près finalement que la distance entre lui et nous va s’évaporer. Et se construit sous nos yeux la légende de ce crooner vieillissant qui chante depuis trente ans les mêmes chansons d’amour simples à retenir, simples à fredonner… Les chansons de Guy Jamet.
Guy Jamet qui est donc de retour… Mais a-t-il jamais vraiment quitté la scène ?
Un jeune réalisateur, dont la mère était une inconditionnelle, décide de faire un film sur lui, façon « Guy Jamet comme vous ne l’avez jamais vu ». Guy en répétition, Guy en tournée, Guy dans son mas, Guy à cheval, Guy chez Drucker, Guy qui rit, Guy qui vieillit, Guy qui cabotine…
La complicité de part et d’autre de la caméra n’est pas des plus évidentes : Guy est un animal sauvage qui veut connaître les règles pour mieux les maîtriser. Il a bien conscience que ce film dira un peu plus que ce qu’il veut habituellement révéler et que le spectateur y découvrira aussi ses travers, sa part d’ombre, ses rides et sa démarche de vieux monsieur…
Avec une tendresse communicative pour ce personnage qu’il campe avec un talent de prestidigitateur-né, Alex Lutz nous offre un film qui ressemble à ces pochettes surprises que l’on achetait enfant à la boulangerie. On pensait n’y trouver que drôlerie, moquerie complice, numéros bien ficelés d’artistes, mais on découvre aussi, tout au fond du cornet en papier, une petite étoile qui brille, quelques larmes timides et la saveur douce-amère de la vie qui passe si vite.