Entre hommage au film noir des années 1950 et film de série Z, Under the Silver Lake est une plongée sous acide dans l’univers déjanté de la grande industrie californienne du cinéma.
Sorte d’ovni cinématographique, le nouveau long métrage de l’Américain David Robert Mitchell (It Follows) était l’un des deux films américains présentés cette année en compétition au Festival de Cannes (aux côtés de BlacKkKlansman, de Spike Lee). Film inclassable, cet opus pop nous plonge dans un Hollywood en décrépitude à travers une enquête loufoque menée par un aspirant acteur.
Soit Sam (Andrew Garfield), la trentaine, ado attardé qui se verrait bien acteur mais qui passe l’essentiel de son temps à lire de vieux Playboy, jouer sur sa PlayStation première génération ou mater ses voisines depuis son balcon. Il vit dans un immeuble dont chaque appartement fait face à la même piscine. Un décor qui pourrait être celui d’un film de David Lynch… ou celui de Melrose Place. Le jour où Sarah, une voisine aux airs de Marilyn, disparaît, Sam décide de mener l’enquête. D’indices loufoques en énigmes codées, ses recherches le font sillonner un Hollywood mythique où chaque étape est un hommage à un film ou à un acteur cultes.
Mais la Mecque du cinéma vue par Mitchell est aussi un grand carnaval et Sam croisera – entre autre – une femme-chouette tueuse, un dessinateur de BD allumé, un SDF charismatique ou encore un groupe de musique pop nommé « Jésus et les épouses de Dracula ». Sans jamais se prendre au sérieux, le réalisateur joue avec les codes des films de genre et de la pop culture, cumulant les références et hommages au cinéma américain et à ses acteurs mythiques. Sous ses allures de fantasmagorie hallucinée, Under the Silver Lake n’en n’est pas moins une critique féroce et sans concession de cette fabrique à rêve. C’est barré, drôle et délirant. Ça pourrait aussi devenir culte.
©Les Grignoux - Laurence Hottart