Huit ans après sa Caméra d’or au festival de Cannes avec Samson and Delilah, voici le nouveau film de Warwick Thornton : Sweet Country, un western australien inspiré de faits réels et entièrement filmé du côté des Aborigènes.
1929, dans le désert australien. Sam et Lizzie sont un couple d’esclaves travaillant pour le missionnaire Fred Smith (Sam Neill), un homme bon qui n’abuse pas de son pouvoir et qui accepte de les envoyer chez Harry Marsh, un militaire fraîchement revenu du front ayant besoin d’une main-d’œuvre. Mais celui-ci se révèle alcoolique et violent, traitant les deux esclaves avec un mépris abyssal. Le jour où, en proie à un délire éthylique, Harry Marsh menace de les tuer, Sam n’a d’autre choix que de tirer à son tour sur le militaire et s’enfuir avec sa femme…
Une diligence est alors mise en place pour traquer le meurtrier présumé. Il va sans dire que si la situation avait été inversée, nul n’aurait jugé opportun de rendre justice à l’esclave assassiné. Pourtant, la diligence, formée d’hommes blancs revanchards, n’a qu’une seule idée en tête, retrouver les fugitifs et les retenir en captivité jusqu’à ce qu’ils soient jugés. En ville, cependant, certaines consciences sont en train d’évoluer et il se pourrait bien que pour la première fois, à l’heure du procès, la parole des opprimés puisse enfin être écoutée… Warwick Thornton livre un sublime western, où la brutalité de l’histoire coloniale côtoie la pureté remarquable de l’image. Émouvant, calme mais jamais inerte, voilà un film qui nous pousse sans arrêt à réfléchir, à nous offusquer sur le sort des Aborigènes qui, aujourd’hui encore, souffrent de ce passé façonné sur la haine et la violence.