Le Don Quichotte de Terry Gilliam arrive enfin sur nos écrans ! Cela faisait 25 ans que le Monty Python visionnaire poursuivait son rêve fou, porter au cinéma le chef-d’œuvre de Cervantès, 25 ans passés sous le signe des espoirs ravagés et de la malédiction implacable.
Gilliam n’est d’ailleurs pas le seul cinéaste à avoir sué sang et eau face à Don Quichotte ; on ne citera qu’un seul de ses collègues en galère et pas des moindres : Orson Welles lui-même, qui laissa le sien inachevé après y avoir travaillé plus ou moins assidûment pendant les trente dernières années de sa vie…
Pour en revenir à Gilliam, on se souvient de la première concrétisation avortée, le tournage entamé en 2000 avec Jean Rochefort dans le rôle du chevalier à la triste figure et Johnny Depp dans celui de son valet au bon sens inébranlable. Un tournage qui tourna au désastre : pluies diluviennes, maladie de Rochefort, survol constant du plateau par des avions militaires, incapacité du réalisateur à maîtriser les événements… On s’en souvient d’autant mieux que ce déchirant naufrage donna naissance à un excellent documentaire, Lost in la Mancha, programmé dans nos salles en 2003. Gilliam aurait pu être découragé par ce cuisant échec, mais non, il est reparti au combat contre les moulins à vent. Il y est finalement parvenu, il a réussi à tourner en 2017 l’intégralité de son adaptation avec un nouveau tandem bougrement alléchant : Jonathan Pryce (son complice de Brazil) et Adam Driver (Star Wars, Paterson).
Soit Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, qui se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste : ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité ?