Dans une petite ville du Midwest, au cœur de l’Amérique profonde, Suzanna Hunt est devenue Jacob, alias Coby. Cette transition d’une identité à l’autre a été filmée par son demi-frère. Un documentaire intime, familial et fascinant à bien des égards.
Coby est la figure centrale de ce film, un garçon de 23 ans, costaud, barbu, mâchoire carrée, typique de ces jeunes hommes bien charpentés du Midwest profond. Et pourtant, Coby est un homme récent, et incomplet, dépourvu de pénis et de testicules. Car quelques mois auparavant, Coby était une jeune fille de 21 ans et s’appelait Suzanne. C’est là le premier vertige du film, cet aspect avant-après, attesté par de nombreuses photos. Vertige ressenti par Coby lui-même, qui déclare dans une scène qu’il se sent pleinement homme extérieurement mais encore femme intérieurement.
Le film de Christian Sonderegger sonde toutes les coutures de cette incertitude identitaire, tant sur les aspects psychologiques que techniques et médicaux. Pour devenir Coby, Suzanne s’est fait rétrécir les seins, puis s’est soumise à un traitement régulier d’injections de testostérone, comptant chaque jour ses nouveaux poils, soupesant ses nouveaux muscles, estimant l’évolution de sa voix vers les graves. De leurs côtés, les parents et le frère acceptent avec une grande tolérance la transformation de leur fille et sœur en homme. Et puis il y a l’étonnante copine de Coby, qui était donc au départ dans une relation lesbienne classique avec Suzanne, et qui l’a accompagné dans toutes les étapes de sa mutation.
Voilà un documentaire étonnant, qui regarde la transsexualité avec bienveillance, sans occulter les questions et problèmes qu’un tel changement soulève.