Au poste ! signe le retour du réalisateur Quentin Dupieux en France, après avoir tourné ses quatre films précédents aux États-Unis. Une échappée surréaliste dans un commissariat avec un Benoît Poelvoorde au meilleur de sa forme…
Si par le plus pur des hasards, vous tombez sur un cadavre gisant dans un parking qui jouxte votre logement, évitez de vous présenter comme témoin au commissaire Buron (Benoît Poelvoorde). Les deux pieds sur la table, le holster mal emmanché sur ses épaules, il ne paie pas de mine. De plus, il semble consacrer peu d’importance à la personne en train de lui déclamer sa déposition. Il bavarde au téléphone, part manger un sandwich avec son fils (interprété par Orelsan). Mais il faut se méfier de l’eau qui dort. L’animal ne lâche pas facilement prise. Derrière sa machine à écrire d’un autre âge, il a tout son temps. Il peut passer la nuit et tant pis pour le prévenu affamé. Pour Buron, derrière tout présumé innocent, il y a forcément un coupable qui sommeille…
Une belle surprise. Le retour de Benoît Poelvoorde au service de la fantaisie débridée de Quentin Dupieux. Un réalisateur prolifique (Steak, Wrong, Rubber…) qui cherche le hors-piste, cultivant des gags de plus en plus jouissifs pour les amateurs de l’absurde à tous les étages. Mais de grâce, ne confondons pas l’art délicat du non-sens et la vanité potache. Les films de Dupieux se doublent d’une réflexion décomplexée sur les petits cirques sclérosés de nos sociétés contemporaines. Et on se régale de ce regard tour à tour amusé et angoissé.
©Les Grignoux