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Cette coproduction belge (Frakas productions), découverte à la Semaine de la Critique à Cannes, s’inscrit dans le courant d’un jeune cinéma français aventureux qui explore le genre fantastique pour aborder des problématiques féministes
Nejma s’entraine dur pour réaliser son rêve et remporter la prochaine course camarguaise, un concours où l’on défie les taureaux dans l’arène. Mais alors que la saison bat son plein, des disparitions suspectes inquiètent les habitants. Très vite la rumeur se propage : une bête sauvage rôde…
Le personnage de Nejma est entouré d’hommes. Son regard est déterminé malgré l’inquiétude. Elle cherche à faire sa place dans un cadre viril connecté au monde sauvage de la nature. Nejma se situe à ce moment de bascule que représente la fin de l’adolescence, quand perdre sa part innocente, et donc sa fragilité, est synonyme d’angoisse.
Là où on pouvait craindre un discours binaire et didactique un peu trop scolaire, Animale frappe par sa nuance, son refus du psychologique (tout est mystère) et du fantasme (pas de belles images gratuites), tout simplement par son envie de faire sens par le cinéma et pour le grand écran.
C’est une fiction très documentée, emplie d’une peur diffuse et recouverte d’un lyrisme discret qui nous immerge dans les rites d’une communauté marginale. Ici, les hommes ne sont pas nécessairement tous machos et la jeune fille est, de prime abord, intégrée.
Les scènes de tauromachies sont très chorégraphiées, dans toute leur violente énergie. S’il renvoie à l’imaginaire du western, le film n’en fait pas une fixation stylistique. Il s’agit pour lui d’une base réaliste qui nous dirige vers le cinéma fantastique et un vrai propos de société.
Ce récit initiatique d’acceptation de soi et de la différence fait écho à l’anxiété propre à la jeunesse et qui traversait Le Règne animal, le formidable film de Thomas Cailley, auquel on pense inévitablement. Animale parle lui aussi de son temps, expérimente poétiquement la fusion entre les humains et les animaux.
Dans ce basculement vers le conte à caractère sensoriel, dans ce plaisir d’utiliser les codes classiques du film de genre, Animale trouve le terrain de jeu idéal pour exprimer, métaphoriquement, les peurs profondes d’une jeune fille d’aujourd’hui.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
