Avec ce deuxième long-métrage, Jérémy Clapin (J’ai perdu mon corps) passe à la prise de vue réelle pour raconter le deuil et la tristesse d’une jeune femme. Un film étrange qui mêle les genres et nous transporte dans une fable à la fois fantastique et ancrée dans la vie ordinaire
Passionnée de dessins, Elsa (Megan Northam) a sombré dans la tristesse depuis que son frère Franck, astronaute, a disparu lors d’une mission spatiale. Un jour, la voix de Franck résonne à ses oreilles, suivie d’une autre, inconnue. C’est celle d’un être extraterrestre qui propose à Elsa un marché : il peut l’aider à faire revenir Franck sur Terre si elle accepte de faciliter son arrivée à lui et à ses quatre compagnons. Mais il y a un prix à payer…
Jérémy Clapin était très à l’aise dans l’animation (le génialissime J’ai perdu mon corps a été primé de nombreuses fois). Pendant ce temps sur Terre est plus fragile. Le cinéaste offre néanmoins une histoire originale et esthétique, en la parsemant de petites bulles en mode comics qui nous plongent dans un univers proche des séries animées de la télévision des années ’80 (Capitaine Flam ou Ulysse 31). Le film de Jérémy Clapin parle du deuil et de la solitude de celles et ceux qui restent. Des émotions qui sont joliment illustrées et interprétées avec justesse. Elles imprègnent ainsi le récit d’une douce mélancolie qui envahit vite le spectateur, s’il accepte de se laisser porter par le côté un peu fantastique de ce conte. Sous ses abords farfelus, Pendant ce temps sur Terre est un film sur la résilience et qui interroge aussi notre sens moral et éthique : jusque qu’où sommes-nous prêts à aller pour croire en l’impossible ?
LAURENCE HOTTART, Les Grignoux