Joseph et Micka, père et fils, vivotent d’arnaques « old school ». Mais le fils en a marre et rêve d’un autre avenir, tandis que le père, endetté, se demande comment il pourra cette fois-ci se tirer d’affaire… Un film épatant, chaudement recommandé, qui marie chronique sociale et comédie.
Kad Merad est Joseph, un escroc à la petite semaine, un roi de la débrouille à l’ancienne. Quand il ne fait pas du porte à porte pour essayer de fourguer de la piquette embouteillée dans la cave de son immeuble et qu’il fait passer pour un grand cru, il se déguise en chauffagiste pour s’introduire chez une grand-mère et en profiter pour piquer ses bijoux de famille et des liasses de billets… qui se révèlent être des francs ! Un brave gars finalement, même si pas trop regardant sur la morale, qui aimerait sans doute avoir un boulot « normal » mais qui n’a pas trop le choix, acculé par son propriétaire de plus en plus pressant, prêt à envoyer des gros bras pour récupérer ses loyers impayés ou jeter toute sa famille à la rue.
Pour monter ses pauvres arnaques, il vaut mieux être deux et Joseph se fait aider par son fils Micka, qui en a marre des combines foireuses, qui se sent de plus en plus mal à l’aise dans son rôle d’assistant bonimenteur et qui voudrait intégrer une école d’acteurs à Paris…
Xabi Molia dit avoir eu l’idée de son film après s’être fait soutirer vingt euros sur le parvis de la Gare Montparnasse par un remarquable bonimenteur dont il admira le travail a posteriori. Mais il a aussi enrichi son observation en tra-vaillant pour un documentaire sur de jeunes footballeurs d’Aubervilliers, une ville où il a rencontré des familles comme celle de Joseph, qui n’avaient rien ou si peu et gardaient néanmoins la force de se battre et d’en rire. Et dans le regard qu’il pose sur cette famille bordélique mais bougrement attachante (avec Sylvie Testud en mère insubmersible), il y a toute la justesse, toute la tendresse, toute la compréhension de celui qui connaît bien les gens qu’il filme. Sans jamais oublier l’humour !