Après le Conseil national de la Résistance dans son documentaire Les jours heureux, puis le fondateur de la sécurité sociale dans La Sociale, Gilles Perret prend pour sujet le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
Relatant les derniers mois de la campagne présidentielle française de 2017, période propice à la découverte des côtés moins connus du personnage de Mélenchon, L’insoumis nous plonge dans les rouages de l’appareil électoral, au plus près d’un homme parfois indissociable de sa pensée politique.
De Rome à Paris, de plateaux TV en meetings politiques, le réalisateur nous montre, plus que le fin stratège que nous imaginons, un homme habité par la lutte des classes, friand de démonstrations théoriques, s’attaquant au système médiatique, ce « dernier verrou de la bourgeoisie », et expliquant l’histoire à grand renfort d’anachronismes lumineux. Mélenchon nous apparaît alors comme un militant trotskiste passionné qui, parce qu’il ne fait « pas semblant d’avoir un doctrine révolutionnaire », ne laisse personne indifférent. À commencer par Gilles Perret, réalisateur que nous avons eu déjà eu le plaisir d’accueillir aux Grignoux, qui explique comment l’origine de ses films documentaires est, toujours, une rencontre marquante avec un personnage qui déclenche l’envie d’un film.
Cette rencontre-ci remonte au temps du tournage du film Les jours heureux : « Je lui ai fait part de ma vision du tournage : être partout avec lui, ne pas rester à la porte comme les journalistes » car l’important est « de montrer ce [qu’on vit] de l’intérieur avec le maximum de sincérité et sans artifice […] Le résultat, je pense, c’est que ceux qui aiment Jean-Luc Mélenchon vont le trouver formidable et ceux qui le détestent vont continuer à le détester ». Parce qu’il s’y montre à la fois tendre et virulent, drôle et colérique, haï en même temps qu’adulé, Jean-Luc Mélenchon n’en ressort que plus humain.
On pourrait croire que l’on découvre a posteriori l’envers d’une percée électorale poignante, car aussi captivante qu’inutile ; on voit apparaître, en fait, un homme, lucide sur ses forces, ses faiblesses et son rôle ; un tribun conscient du fait que son insatiable désir de victoire doit se subordonner à la mission première, « maintenir l’étincelle » en attendant, qu’un soir, ne s’enflamme le peuple.
© GAUTHIER JACQUINET, LES GRIGNOUX
Vu dans la presse :
L'interview de Gilles Perret sur RCF lors de sa venue à Liège
La critique de Louis Danvers sur le Focus Vif
La critique de Hubert Heyrendt dans La Libre