Cinéaste féru d’art, Martin Provost (qui nous avait déjà enchantés avec Séraphine) raconte la vie de bohème à travers le parcours du peintre Pierre Bonnard et de sa muse, Marthe. Un film romantique dans lequel on plonge comme dans les tableaux de l’impressionniste, membre des Nabis
Entre Pierre (Vincent Macaigne) et Marthe (Cécile de France), il ne faut qu’un coup de pinceau sur une toile pour que la passion s’embrase. Bonnard n’est pas encore reconnu par le public. Il peint dans une chambre de bonne à Montmartre, croise Marthe dans la rue, la convainc de poser pour lui. C’est le début d’un tourbillon d’amour. Marthe devient son amante, sa compagne, sa muse, inspirant des toiles magnifiques : L’Indolente, Nu dans le bain… Le couple s’installe en bord de Seine. Pierre peut se consacrer entièrement à sa peinture et Marthe peut aimer Pierre. C’est une époque joyeuse où leur passion explose sur les berges du fleuve, dans cette nature chatoyante et colorée que le peintre rendra si bien dans ses tableaux. Dans le jardin des Bonnard, on croise Claude Monet, Edouard Vuillard ou la pianiste Misia Sert (Anouck Grinberg). On y parle peinture, on évoque Toulouse-Lautrec et les artistes qui enchantent Paris en ce début de siècle. Le cinéaste décrit avec délice cette belle époque durant laquelle l’on se déshabille volontiers pour plonger dans la Seine, courir nu sur les berges et faire l’amour au pied des arbres.
Mais Bonnard est avant tout un artiste. Au fil du temps, il délaisse Marthe, multipliant les voyages à Paris, invitant de jeunes modèles dans son studio… De nature impulsive, très jalouse aussi, Marthe se fane peu à peu. Elle déteste la foule et préfère éviter la capitale. Un jour, Pierre ramène la jeune et jolie Renée (Stacy Martin), une élève des Beaux-Arts. Une rencontre qui bouleversera la relation du couple pour le pire et le meilleur.
Cette histoire d’amour tourmentée durera cinquante ans. Provost la raconte à la manière des impressionnistes : par petites touches sensibles et lumineuses. Au centre, Vincent Macaigne incarne avec douceur ce peintre sensible, surnommé « le peintre du bonheur ». Cécile de France, elle, crève l’écran : d’abord fougueuse, elle sombre dans une folie douce qui révèlera aussi son talent d’artiste, mais lui fera peu à peu perdre la raison. Portait émouvant du couple, Bonnard, Pierre et Marthe est un film simple et dépouillé, intime et coloré.
LAURENCE HOTTART, les Grignoux