Située dans une station balnéaire pour touristes, cette fiction criante de vérité et primée à Cannes suit une jeunesse à la croisée des chemins. Bienvenue dans le monde tourbillonnant et extrême des fêtes pleines de débauche et des nuits blanches à répétition, là où s’électrisent les désirs et les peurs !
Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s'offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu'au vertige. Face au tourbillon de l'euphorie collective, est-elle vraiment libre d'accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?
Grand Prix de la section Un Certain Regard à Cannes, cette fiction britannique séduit par son sens poussé du réalisme et par sa sobriété formelle qui rendent sa frontière très floue avec le documentaire. Cette confusion entre les deux niveaux s’avère euphorisante, car, en effaçant toute forme d’artifice, elle ajoute une sensation de vérité et d’ivresse à ce que nous regardons. Ce naturalisme rock’n’roll que dégage le film, la réalisatrice l’atteint sans perdre le sens qu’elle veut donner à son récit, sans tomber dans une ambiance de déconne qui tournerait à vide en répétant les mêmes séquences de fête. La jeune cinéaste raconte une aventure initiatique coupée du monde, dédiée à la débauche et à la perte de la virginité. Très proche de ses trois personnages féminins principaux (magnifiquement interprétés) qu’elle suit littéralement à la trace, à la manière d’une amie complice de la virée qui veut en garder un témoignage pour l’éternité (et sans tabou), la réalisatrice veut capter une ambiance et, essentiellement, comprendre ce qui se joue à l’arrière-plan. Cela se passe quand les rapports humains se complexifient et que la fête n’a pas nécessairement le goût espéré, quand les normes et les conventions finissent par s’imposer alors que l’on pensait en faire naturellement exploser les règles. Le film se glisse dans ce moment de bascule absolu, juste avant l’âge adulte, qui convoque tous les extrêmes, entre séduction et violence, bonheur et tragique, plaisir et frustration, pression et lâcher-prise. How to Have Sex filme la beauté de la jeunesse avec ce qui peut se révéler de brutal, de traumatisant et de mélancolique quand la vérité, frustrante, ne ressemble pas toujours à ce que l’on avait désiré jusque-là. Des films sur la découverte de la sexualité chez les adolescents, et sur la pression que cela génère en elles et en eux, il n’y en a pas beaucoup qui en parlent avec autant de justesse et de sensibilité, sans moralisme, que ce How to Have Sex.
Nicolas Bruyelle, les Grignoux