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Le cinéaste Quentin Dupieux, qui filme plus vite que son ombre, se réinvente encore avec une proposition aussi loufoque que profonde sur la tyrannie du divertissement, et l’acteur Raphaël Quenard (vu dans Chien de la casse) fascine en spectateur furax prenant une pièce et son casting en otage
En pleine représentation de la pièce Le Cocu, un très mauvais boulevard, Yannick (Raphaël Quenard, que cette année 2023 révèle au grand public) se lève et interrompt la pièce pour signaler que le spectacle est rudement naze…
Il y a un an, Incroyable mais vrai empruntait le chemin du surnaturel, et Quentin Dupieux y articulait la belle banalité de ses couples en crise autour d’un élément magique, le tunnel rajeunissant. L’argument de Yannick, lui, n’a rien de surnaturel et embrasse la vraisemblance. C’est un film simple, débarrassé des nippes farfelues et des numéros de malice dont le cinéma de Dupieux n’a longtemps pas su (ou voulu) se passer. Le cinéaste-monteur de l’extrême a toujours eu plaisir à tordre le temps, le remonter, le suspendre, l’atomiser, et une obsession lui demeure solidement chevillée au corps, régulièrement évoquée quand il parle de son travail, celle de ne pas « voler son temps » au spectateur. En proposant des films courts, mais aussi en plaçant la comédie et le souci de légèreté par-dessus tout. Le voir mettre en scène son pire cauchemar, à savoir ennuyer le public, qui plus est avec un genre, le théâtre de boulevard, censé être pur divertissement, est un ravissement total.
