Après Une vie démente, où bruissait déjà l’âme romantique des deux cinéastes, voici le nouveau film du duo Ann Sirot et Raphaël Balboni. Considération sur l’amour, le couple et la tentation (la nécessité ?) d’en inventer de nouvelles formes, Le Syndrome des amours passées est un pur moment de joie cinématographique !
Rémy et Sandra n’arrivent pas à avoir d’enfant car ils sont atteints d’un drôle de syndrome : celui des amours passées. Pour en guérir, il n’y a qu’une seule solution : ils doivent recoucher une fois avec tou·te·s leurs ex.
« Mais qu’est-ce donc que ce pitch surréaliste ?! Quelle dinguerie le cinéma belge nous a-t-il encore concoctée ?! » pensez-vous peut-être la moue dubitative.
On ne peut évidemment que vous inciter à venir le découvrir, car à partir de ce point de départ absurde, Ann Sirot et Raphael Balboni signent une comédie d’une folle inventivité, pleine de fantaisie et qui, en filigrane, dit quelque chose de notre époque et de nos amours agitées. Ce questionnement existentiel traverse le film sans jamais l’enfermer dans une forme de mélancolie. Au contraire, tout dans l’univers et dans le scénario qu’ont créé les auteurs est source de joie, de légèreté, d’amusement insolite qui séduisent immédiatement. À commencer par les deux acteurs principaux, Lucie Debay et Lazare Gousseau — tous deux issus des écoles de théâtre belges —, qui subliment l’enchaînement des scènes avec leur jeu naturaliste duquel point toujours la juste émotion.
Une fois accepté le diagnostic et son traitement, Rémy et Sandra partent à la rencontre de leurs anciens partenaires sexuels — beaucoup pour elle, peu pour lui. Avec eux, le film suit donc lui aussi la trajectoire de ces amours passées. Chaque rencontre fait l’objet d’une séquence dont l’humour, la singularité surgissent de la personnalité de l’ex-partenaire rencontré·e. En peu de temps, ces protagonistes secondaires parviennent à faire mouche, nous arracher un rire tendre et faire pétiller nos esprits. Parmi eux, on retrouve des visages connus comme l’humoriste Nora Hamzawi, l’actrice française Florence Loiret-Caille ou la chanteuse Alice on the Roof.
Évidemment, l’enchaînement de leurs anciennes conquêtes aura des conséquences sur le quotidien du couple, éveillant chez eux des sentiments d’insécurité avec lesquels ils devront composer…
L’un des grands plaisirs du film est qu’il conserve de bout en bout son originalité, ce ton singulièrement léger et jamais moralisateur qui, au-delà de l’écriture, s’inscrit aussi dans la mise en scène osant des embardées oniriques. Quel bonheur, au final, de se trouver face à une comédie romantique qui tord dans tous les sens les supposés piliers du couple et qui n’en perd jamais pour autant sa romance. Bref, une petite pépite à découvrir d’urgence !
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux