Grand Prix du jury à Berlin
Grand Prix du jury à Berlin, le film de l’allemand Christian Petzold (Barbara) est tour à tour littéraire, sentimental et angoissant, telle la chronique d’un été perturbé par la menace d’une catastrophe naturelle
Une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n'a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, des amis anciens et des nouveaux. Les forêts desséchées qui les entourent commencent à s'enflammer, tout comme leurs émotions…
Le Ciel rouge est la troisième occurrence, après Transit et Ondine, à signifier un basculement net dans le cinéma de Christian Petzold. Désormais, les histoires qu’il raconte concernent systématiquement des gens plus jeunes que lui. Le cinéaste allemand expérimenté semble vouloir leur livrer, sinon des contes moraux, au moins un peu de sagesse, quelques conseils bons à prendre, non dépourvus d’échos mythologiques. Le Ciel rouge s’apparente même curieusement à du Rohmer sur la Baltique : un jeune écrivain arrive avec son ami Félix dans la maison de vacances des parents de ce dernier, qui se trouve manifestement déjà occupée, remplie des restes d’un repas et d’autres festivités, par une femme qu’ils ne croiseront qu’au bout de deux jours (sans savoir qui est Boucle d’or et qui sont les trois ours). Si le conseil de Petzold pour les jeunes trop concentrés sur leur travail, à l’instar de son protagoniste, est un très basique « carpe diem », il le délivre avec légèreté et humour, mais surtout avec une extrême précision dans son récit et sa mise en scène : chaque espace de la maison et des alentours établit une fine organisation des possibles que le jeune écrivain s’applique à démanteler au nom de ses obligations. La morale de l’histoire arrive avec une symbolique assez forte qui aurait été impossible chez Rohmer, mais qui, chez Petzold, intègre un sérieux littéraire attachant encore plus l’histoire à la sensibilité de son héros.