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À partir d’un sujet complexe et délicat, soit la passion amoureuse entre une belle-mère et son beau-fils, Catherine Breillat réussit un très beau film poignant, plein de nuances et de maîtrise, avec les magnifiques Léa Drucker et Samuel Kircher
Anne, avocate renommée, vit en harmonie avec son mari Pierre et leurs filles de 6 et 7 ans. Un jour, Théo, 17 ans, fils d’un précédent mariage de Pierre, emménage chez eux. Peu de temps après, il annonce à son père qu’il a une liaison avec Anne. Elle nie…
Catherine Breillat (Une vraie jeune fille, Romance X, À ma sœur !) adapte librement un film danois de 2019 (Queen of Hearts) sans s’embourber dans le sulfureux. Dans son film, tout se joue de manière plus sous-terraine et subtilement. L’Été dernier dépasse — bien largement — le cadre étriqué et si convenu du récit adultérin. Il raconte une romance au cœur de sa bulle la plus intime. Là réside la beauté d’une œuvre, certes délicate thématiquement, qui cherche avant tout à capter la puissance d’un regard échangé, les visages d’êtres amoureux et des corps qui s’attirent, le tout dans un geste purement romantique. La cinéaste décrit minutieusement cette passion ardente. Elle prend le temps de nous présenter les personnages afin de les caractériser avec le maximum de nuances. Elle réussit un film physique qui ne pose aucun jugement moral sur ses protagonistes et laisse planer le doute, jusqu’au bout, sur le Bien et le Mal. C’est une étude cruelle d’un noyau familial en train de se déliter, or les conventions bourgeoises doivent y être respectées, ce qui ajoute une dose de tourments supplémentaires pour les protagonistes contraints de devoir réfréner leurs désirs, alors qu’ils savent éperdument que c’est impossible. C’est le combat entre le cœur et la raison, plutôt entre le sexe et l’ordre, que vivent deux êtres que tout oppose a priori. L’avocate s’égare dans la passion, échappe à son univers rigide pour risquer un voyage physique et mental. Rien ne peut y faire, c’est plus fort qu’elle. En face, il y a cette adolescent perdu et hyper sensible qui joue, puis ne peut résister.
Film d’une grande maîtrise, L’Été dernier dégage un souffle lyrique qui traduit la passion amoureuse dans ce qu’elle peut avoir de plus incontrôlable, puissant, tragique et contradictoire. Il marque le retour au premier plan d’une des grandes cinéastes françaises de ces quarante dernières années.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
