Dans son nouveau long métrage, présenté en compétition à la 79e Mostra de Venise et coproduit par la société liégeoise Tarantula, Susanna Nicchiarelli (Nico, 1988, Miss Marx) brosse le portrait crédible et sans enjolivures rhétoriques d’une sainte, jeune fille puis femme révolutionnaire
L’histoire commence à Assise en 1211, quand Chiara (interprétée par Margherita Mazzucco, rendue célèbre par la série à succès L'Amie prodigieuse), qui a alors à peine 18 ans, s'enfuit de la maison de son père pour rejoindre son ami Francesco. Elle se réfugie dans un couvent, où elle est rejointe par sa petite soeur, la future Agnès d'Assise, et commence à vivre dans la pauvreté selon la parole de Dieu, avec ses consoeurs…
Margherita Mazzucco se détache parmi les comédiens pour le portrait angélique et courageux qu'elle livre d'une jeune fille, puis d’une femme, qui refusera de se soumettre à la violence de sa famille et aux pressions exercées par le cardinal Ugolini, futur pape Grégoire IX, car son seul désir est de vivre dans la pauvreté et en liberté, à la manière des franciscains. L’actrice développe en outre une bonne alchimie avec Andrea Carpenzano. Leur rapport fraternel et amical est pur et sincère, mais pas pour autant dénué de conflits, en particulier quand Francesco obtient la reconnaissance du pape, mais que ce dernier estime que Chiara, en tant qu'elle est une femme, n'est pas digne de « donner l’exemple » et de prêcher la parole de Dieu au-delà des murs du couvent. Le reste de la troupe (qui ont tous bien le physique de leurs rôles) permet au film de ne pas tomber dans l'emphase et la pure rhétorique, ce qui mérite qu'on le signale car ce n'est pas un résultat facile à obtenir, surtout quand on travaille sur des personnages qui parlent principalement de miracles, de compassion, de spiritualité et d’oeuvres pieuses. Les inserts musicaux, chantés et dansés, sont bien intégrés au film et bien orchestrés. Ils se rapprochent davantage d'interludes théâtraux que de véritables scènes et exaltent les moments clefs du récit. Nicchiarelli a demandé à sa cheffe-opératrice Crystel Fournier des mages aux couleurs chaudes qui mettent en valeur l’expressivité des visages marqués des personnages, la nature inviolée qui les entoure et la beauté austère et dépouillée des édifices religieux.